Je m'attendais à ce que notre collègue Jacques Myard s'exprime ainsi. Pour ma part, je ne crois pas de façon béate à ce que, du jour au lendemain, l'OTAN et l'Europe puissent se transformer. L'OTAN va pouvoir se transformer progressivement et la France va y prendre sa part. Avouez que c'est quand même mieux ! Je me réjouis que le commandement sur la transformation de l'OTAN soit donné à la France. Nous aurons au moins une voix à faire entendre. D'autre part, je vous assure que les efforts faits par le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne ou l'Italie peuvent contribuer à cimenter l'Union européenne, à la condition qu'imitant la Grande-Bretagne et la France, certains pays acceptent d'augmenter le pourcentage de leur PIB alloué à la défense. Je reconnais toutefois que même si cette condition était remplie, cela ne nous donnerait pas le moyen d'équilibrer complètement le poids des États-Unis. Je vous rappelle que l'Europe, avec ses cinq cents millions d'Européens, ne représente que 40% du budget militaire américain. Donc il est évident que le poids des Etats-Unis dans la balance est pour le moment plus lourd que celui des Européens.
Ce que nous souhaitons quand nous parlons d'européanisation, qui est un terme utilisé par Mme Michèle Alliot-Marie dans l'article du Figaro que j'ai cité tout à l'heure sans citer ce passage, c'est qu'il est évident que l'effort fait par la France pour accroître le poids de l'Europe dans l'OTAN doit permettre précisément à la France de ne pas se sentir isolée et seule. Votre thèse est de dire que nous diminuons notre effort de défense. En réalité, je me permets de vous dire que si nous diminuons les effectifs, en termes de qualité, au contraire, nous allons équiper nos forces avec des moyens beaucoup plus modernes. C'est une armée qui sera peut-être moins nombreuse mais plus manoeuvrière, plus mobile, plus performante et mieux équipée.
J'ajoute que les réductions d'effectifs porteront principalement sur ceux qui assurent le soutien des armées, qu'ils soient militaires ou civils, et non sur les combattants. L'effort financier programmé pour 2009-2014 est considérable, remarquable même, et il va se poursuivre lors de la prochaine loi de programmation militaire. Par les moyens ainsi mis en oeuvre, je pense que la France, qui se distingue déjà par la qualité de ses combattants et de leurs performances, va pouvoir améliorer et augmenter sa capacité militaire d'intervention et mieux faire entendre sa voix en Europe et au sein de l'OTAN.