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Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 10 septembre 2008 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Je souhaite joindre ma voix à celle, éminente, de Jack Lang – une voix qui a compté pendant la réforme constitutionnelle. En effet, la démocratie comme le consensus national, essentiel dans ce type de conflit, gagneraient à ce qu'une audition comme celle-ci soit connue des Français. Les propos du général sont passionnants, et il n'y a aucune raison de penser qu'ils doivent rester confidentiels. Plus nous serons transparents, plus nous aurons de chances de réunir un consensus, qui est une des conditions de la persévérance.

Dès lors que le président Sarkozy a décidé de nous faire passer, dans l'affaire afghane, du rôle de voyeur à celui de combattant, nous nous sommes retrouvés dans une logique de guerre. C'est d'ailleurs ce qui m'avait amené, à l'époque, à souhaiter, d'une part, que l'on revoie la stratégie avec nos alliés et, d'autre part que l'on donne au Parlement les moyens de contrôler cette opération, parce que l'on allait avoir des morts. En liaison avec François Lamy – il m'a semblé que l'opposition devait être associée –, j'ai donc demandé que la commission de la défense se consacre au conflit afghan, se fasse le relais de l'armée lorsque des besoins se font sentir et participe à l'élaboration du consensus. Je me réjouis qu'un rapport d'information soit envisagé. Mais je rappelle qu'en Afghanistan interviennent deux types de pays : ceux qui se battent et ceux qui ne se battent pas. Et les premiers, parmi lesquels nous n'étions pas jusqu'à une date récente, ont connu pas loin de 900 morts. Au moment où le président Sarkozy a pris sa décision, les Canadiens étaient sur le point de partir, car ils comptaient 90 morts et étaient à bout. Enfin, il faut rappeler que les Soviétiques ont engagé 150 000 hommes et en ont perdu 13 500. Il s'agit donc d'une affaire lourde. Et c'est une guerre, en effet.

De nombreuses questions se posent, et les rapporteurs devront accomplir un travail approfondi. Je me contenterai ce matin d'aborder deux points. Vous avez donné votre sentiment sur la question de l'articulation entre l'Alliance et l'OEF. Mais jugez-vous que sur le plan microlocal, lors de l'accrochage du 18 août, la coordination entre les officiers présents sur le terrain, notre commandement et l'OTAN se soit bien passée ? Serait-il possible que des opérations de forces spéciales survenues la veille aient conduit, sans que vous soyez au courant, à compliquer la situation ?

Deuxième question, dont la réponse est importante pour l'avenir. Le général Petraeus change de commandement et devient ainsi le responsable des opérations, aussi bien en Irak qu'en Afghanistan. Or il a déclaré en public que la stratégie employée ne marchait pas et qu'il avait bien l'intention de la remettre à plat. C'est une bonne nouvelle, parce que cela fait longtemps qu'elle ne fonctionne pas : le général Jones disait la même chose en quittant son poste de SACEUR. Les Français seront-ils associés à cette réflexion ? Allez-vous déléguer des officiers auprès du général Petraeus, afin qu'ils contribuent à redéfinir une stratégie, du moins sur le plan militaire ? Par ailleurs, mille autres questions se posent – sur la partie civile des opérations, sur la drogue, sur le rôle du Pakistan, etc. Mais dans l'immédiat, j'aimerais avoir votre avis sur ces deux aspects.

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