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Intervention de Jean Michel

Réunion du 3 mars 2009 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Michel :

Dès 1958, le général de Gaulle interrogeait le président Eisenhower et le Premier ministre britannique Macmillan sur l'alliance conclue en 1949, au sortir de la Seconde guerre mondiale, alors que les pays européens étaient en situation de faiblesse face à l'URSS et aux pays annexés. La question se posait alors en termes de souveraineté et d'indépendance : si des pays peuvent conclure une alliance, celle-ci ne doit en aucun cas se substituer aux moyens que chacun doit consacrer à sa défense. C'est à ce titre que l'effort de défense consenti au début la Ve République était considérable, représentant jusqu'à 5,4 % du PIB. Au départ du président François Mitterrand, il représentait encore, malgré la disparition du mur de Berlin et la dissolution du Pacte de Varsovie, 3 % du PIB.

Comme l'atteste la transcription verbatim des entretiens qu'ont eus les deux chefs d'État au début de 1990, au lendemain donc de la chute du mur de Berlin et à la veille de la dissolution du Pacte de Varsovie, le président Bush ayant déclaré que cette situation nouvelle l'obligerait à dissoudre l'OTAN, François Mitterrand lui a répondu que celui-ci aurait oublié ses propos cinq minutes après les avoir prononcés, car l'OTAN représentait pour les États-Unis un instrument de domination militaire, économique et politique, voire culturelle. De fait, il n'a plus jamais été question de dissolution de l'OTAN.

Les trois justifications avancées a posteriori par le Président de la République pour la réintégration de l'OTAN ne sont nullement fondées. Comment des pays comme la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne peuvent-ils admettre de passer sous les fourches caudines d'une grande puissance et de ne pas assumer leur liberté et leur défense ? Le Pacte de Varsovie, conclu en 1954, a été dissous, et on voit mal quel danger pesant sur l'Europe justifierait la réintégration de l'OTAN.

Monsieur le ministre, quel est, selon vous, le prix politique que la France aura à payer pour sa réintégration ? N'est-il pas disproportionné par rapport à l'image qu'a donnée notre pays depuis quarante ans ? N'est-ce pas la rupture définitive du consensus ? Devrons-nous accepter des bases américaines sur le territoire français – sans parler du rétablissement du siège de l'OTAN à Fontainebleau et, pourquoi pas, de la réouverture de la base aérienne de Châteauroux ? Quel est l'intérêt de cette réintégration ?

Vous qui étiez présent à Saint-Malo, n'avez-vous pas le sentiment que le pari du Royaume-Uni était une spéculation sur le fait que, les menaces disparaissant, les États-Unis se retireraient un jour de l'Europe, laissant aux Britanniques le leadership de l'Europe de la défense, au détriment de la France ?

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