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Intervention de Bernard Cazeneuve

Réunion du 3 mars 2009 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Cazeneuve :

Monsieur le ministre, votre intervention prouve qu'on peut dire avec beaucoup de nuances des choses tranchées sur des sujets compliqués. Nous aurions souhaité que les ministres du Gouvernement défendent avec la même clarté les raisons de la réintégration dans l'OTAN. Nous sommes nombreux ici à partager vos interrogations et vos inquiétudes.

Je me ferai néanmoins, pour le plaisir de la discussion, l'avocat du diable. Tout d'abord, la construction de l'Europe de la défense est un exercice très difficile. Depuis les progrès enregistrés voici une dizaine d'années à Saint-Malo, peu d'événements significatifs témoignent de la possibilité d'une véritable politique européenne de défense. Lors des universités d'été de la défense, à Saint-Malo, voici quelques mois, un responsable important du Parlement britannique – un conservateur en l'occurrence – soulignait la difficulté de cette construction, du fait du manque de volonté des pays membres de l'Union européenne d'augmenter leurs efforts et leurs contributions en matière de défense et du très grand scepticisme des Britanniques face à la volonté française pourtant maintes fois réitérée. De fait, le bilan de la présidence française que nous a présenté ici le ministre de la défense était, pour ce qui concerne la construction de la défense européenne, assez mince et, hormis les progrès réalisés autour du programme MUSIS, peu de choses poussaient à l'optimisme en la matière.

L'intérêt de la réintégration ne consiste-t-il pas pour la France, au nom du réalisme politique, à acter l'impossibilité de progresser sur le sujet de la défense européenne en enterrant définitivement la question par la normalisation de sa position au sein de l'Union et face aux États-Unis ?

Par ailleurs, il semble que la réintégration dans l'OTAN doive être moins difficile sous la présidence de Barack Obama que sous celle de George Bush. De fait, s'il ne fait pas de doute que M. Obama défendra toujours les intérêts des États-Unis, il s'efforce, depuis sa campagne et dans les premiers actes de son gouvernement, d'incarner un nouvel ordre qui pourrait rendre plus acceptable la réintégration de la France dans le commandement intégré et la refondation de nos relations avec les États-Unis. Cela semble particulièrement souhaitable dans un monde instable et multipolaire qui justifie une autre approche des crises.

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