Il est plaisant de constater que les centristes et les socialistes, jadis les plus hostiles au retrait de la France du commandement intégré de l'OTAN, sont aujourd'hui les plus hostiles à son retour.
Lorsque le général de Gaulle a décidé de quitter le commandement intégré de l'OTAN, deux blocs s'affrontaient : le Pacte de Varsovie et l'OTAN. Le général de Gaulle a souhaité que la France n'apparaisse pas systématiquement alignée sur les positions américaines et, s'il a toujours tenu, à l'occasion de crises graves comme celle de Cuba, à indiquer clairement où étaient les alliances de la France, il s'attachait aussi à pouvoir adopter une politique indépendante vis-à-vis des pays non-alignés. Aujourd'hui, alors que le Pacte de Varsovie a disparu et que le monde n'est plus bipolaire mais multipolaire, la décision de la France de réintégrer le commandement intégré de l'OTAN a tout son sens.
Qu'adviendra-t-il cependant si, du fait de la crise et des difficultés que connaît le leadership américain, les États-Unis doivent demain retirer d'Europe les effectifs nombreux qu'ils y maintiennent ou réduire les moyens importants qu'ils consacrent à la défense de l'Europe ? La France ne sera-t-elle pas alors mieux en mesure de peser sur les décisions si elle est au sein de l'OTAN ? En effet, de nombreux pays européens, notamment ceux de l'est de l'Europe, n'accepteront jamais une défense européenne qui ne soit pas étroitement imbriquée avec la puissance américaine.
Quant à l'aspect symbolique de la réintégration de la France vis-à-vis des pays en voie de développement, n'est-il pas surestimé, compte tenu du fait que cette réintégration ne fera pas évoluer significativement notre politique étrangère vis-à-vis de ces pays ?
En outre, et bien qu'il faille se garder de trop de naïveté envers le président Obama, qui ne manquera jamais de privilégier les intérêts américains, ne faut-il pas prendre acte de l'évolution de la politique américaine ?