Certaines formes de coopération et de mutualisation sont effectivement nécessaires. Plus on ira dans ce sens, plus on réduira les risques de « guerre des polices » et mieux on se portera. En revanche, il ne faudrait pas oublier que les méthodes de travail de la police et celles de la gendarmerie ne sont pas identiques. Les gendarmes réalisent notamment un travail remarquable dans des domaines parfois méconnus, tels que la santé et l'environnement, où de véritables trafics se sont développés, comme on a pu le constater en Italie. Il faut donc avancer avec prudence.
D'autre part, je trouve que certains syndicats de police font preuve d'un esprit de revanche assez désagréable : un de leurs représentants m'a récemment confié qu'il était ravi de voir la gendarmerie « rentrer dans le rang ». Ce genre d'attitude est d'autant plus regrettable que les gendarmes ne bénéficient pas des mêmes moyens d'expression que les policiers en raison des contraintes posées par leur statut militaire. Chacun sait pourtant qu'ils ont des états d'âme ; ils ne comprennent pas pourquoi tout va si vite aujourd'hui. En dépit des louables efforts du rapporteur, je crains que nous ne ravivions des difficultés qui étaient en cours d'apaisement.
Sur le fond, il me semble très utile qu'il y ait plusieurs types de forces de sécurité dans un État démocratique : quand les unes ne peuvent pas s'acquitter d'une mission, on peut en effet demander aux autres de s'en charger. Que le ministre de l'Intérieur ait autorité sur chacune d'entre elles ne semble pas une évolution préjudiciable, mais il ne faut pas en attendre des progrès significatifs en matière de sécurité.