J'espère, monsieur Dermagne, que votre rapport – très intéressant au demeurant – ne sera pas qu'un rapport de plus, et qu'il ne connaîtra pas le même sort que les précédents. Reconnaissons toutefois que le sujet est complexe.
Vous voulez rétablir la confiance. Pour ma part, je suis toujours parti du postulat que l'aéroport international de Paris-Charles-de-Gaulle était un atout extraordinaire pour l'Ile-de-France et pour la France entière. Alors, pourquoi cette méfiance ? Elle tient certes aux nuisances, en particulier sonores, mais aussi au fait que nombre de territoires limitrophes ne bénéficient pas des fruits de la croissance, qui permettraient aux élus d'accroître les ressources de leurs collectivités et aux populations d'accéder à l'emploi. La confiance reviendra quand on aura fait comprendre aux habitants qu'il s'agit d'un outil extraordinaire de développement et de réduction des fractures territoriales, lesquelles sont, rappelons-le, particulièrement vives dans la région.
Personnellement, je n'ai jamais été un ardent défenseur de la communauté aéroportuaire, qui me semblait être une usine à gaz. Vous souhaitez que l'État reprenne la main : cela ne me dérange pas, à condition qu'il y ait équité et égalité entre les populations. J'attends avec impatience le discours du Président de la République sur l'Ile-de-France le 29 avril, dans la mesure où je suis d'accord avec M. Blanc pour qui les portes de Paris sont les aéroports et les gares TGV.
S'agissant de l'insonorisation des habitations, vous lancez un sacré défi en proposant de l'achever en cinq ans ! Avez-vous évalué le coût d'une telle mesure ? Comment comptez-vous la financer ?
Quant aux études épidémiologiques, on n'en voit nulle trace. Pourtant, il existe de toute évidence des problèmes de santé publique liés à la présence de l'aéroport – même si les résultats des analyses réalisées par Airparif ne sont pas plus mauvais qu'au centre de Paris.
Je connais bien le doublet sud : il m'empêche de dormir ! Des statistiques avaient évalué à quelque 22 000 le nombre annuel de vols de nuit, dont au moins la moitié concernait des destinations inférieures à 700 kilomètres. L'avenir, pour un tel rayon d'action, est au TGV.
Si l'État reprend la main, il faudra également éviter les concurrences mortifères entre Air France, qui a été privatisée, et la SNCF, qui risque de l'être. On sait en effet que des accords ont été conclus entre Air France et Veolia dans le cadre de la libéralisation du transport de voyageurs, et il serait dommage qu'on en arrive à une guerre économique entre ces deux grandes sociétés françaises.