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Intervention de Yanick Paternotte

Réunion du 31 mars 2009 à 16h00
Délégation à l’aménagement et au développement durable du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYanick Paternotte :

Si l'on veut favoriser l'accès des populations locales à l'emploi sur la plate-forme, il convient d'améliorer le réseau de transports. En particulier, il faut impérativement réaliser le barreau de Gonesse, avec un débranchement vers le sud et vers le nord, sans s'arrêter au parc des expositions de Villepinte.

Il convient également d'améliorer la formation, non seulement aux filières aéronautiques, mais aussi aux métiers de l'hôtellerie et de la restauration. On comptabilise 7 000 chambres d'hôtel sur le pôle de Roissy. Or, faute de candidats locaux, les hôteliers sont obligés d'aller chercher leurs employés hors de l'Ile-de-France et de la Picardie !

En procurant des possibilités d'emploi aux riverains, on favorise l'intégration de l'infrastructure dans le territoire. Or, aujourd'hui, les Val-d'Oisiens occupent 14 % des postes sur la plate-forme, contre 16 % pour les Picards et pour les Seine-et-Marnais. Il est plus facile de trouver un emploi quand on habite au nord de l'aéroport que lorsqu'on se trouve dans l'axe des pistes, à l'est ou à l'ouest !

Si les aspects économiques et sociaux du développement durable sont bien traités dans votre rapport, je regrette – de même que mes collègues et les associations du Val-d'Oise – que le volet environnemental se trouve quelque peu négligé. Il manque l'affirmation de quelques principes forts.

Certes, vous évoquez, dans la proposition n° 2, de nouvelles méthodes de réduction du bruit à la source. Cependant, il aurait fallu aller plus loin et réclamer un couvre-feu nocturne, au moins sur le doublet sud chaque fois qu'il y a un plafonnement du nombre des mouvements aériens : aujourd'hui, entre minuit et 5 heures ; demain, peut-être, entre 22 heures et 6 heures.

Ce qu'il faut favoriser, ce sont non seulement les descentes lisses et les descentes continues, que vous évoquez dans le rapport, mais également les approches Riviera et vent arrière. En combinant ces différentes procédures, on pourrait enregistrer des gains environnementaux immédiats pour 90 à 95 % de la population. Mais il y a un problème culturel. Il est scandaleux d'attendre deux ans pour introduire la descente lisse à Roissy alors qu'elle est en expérimentation dès cette année à Orly, qui bénéficie déjà du couvre-feu nocturne. Tout cela parce que l'on a cédé aux exigences des contrôleurs aériens, qui menaçaient de faire grève !

Je suis d'accord sur le fait que l'État doit reprendre la main. D'abord, il doit de nouveau avoir une vision stratégique ; or il n'y a rien dans le rapport sur le troisième aéroport, sur les solutions alternatives en cas d'échec de la maîtrise des nuisances et sur d'autres aspects du développement durable, comme la qualité de l'air. Ensuite, l'État doit avoir un rôle régulateur. Tel est le sens de la gouvernance nouvelle à instaurer, sans laquelle on n'arrivera pas à rétablir la confiance et la sérénité.

Le préfet Carrère avait, en son temps, réalisé un excellent rapport. C'était tellement intelligent qu'on l'a vite rangé dans un placard. J'aimerais que votre rapport ne connaisse pas le même sort !

L'image de Roissy a beaucoup changé au cours de ces dix dernières années. Grâce à l'interdiction de la circulation nocturne des avions du chapitre 3, on a obtenu une amélioration de la qualité des mouvements qui a compensé l'augmentation de leur nombre. Avec la crise économique, celui-ci va diminuer de 6 à 8 %. Il ne faudrait pas que cela serve de prétexte pour enterrer le dossier.

Il est tout de même assez surprenant que, lors de la discussion du Grenelle 1, alors que vous étiez en train de finir votre rapport, nous n'ayons pas réussi à faire accepter par le Gouvernement la mise à l'étude du barreau TGV « Reims-Vatry ». On ne peut pas à la fois nous présenter Vatry comme une solution pour le fret et refuser de favoriser le report modal.

L'État stratège doit être de retour, sans chercher à reprendre d'une main ce qu'il donne de l'autre. Un double langage sur le développement durable aéroportuaire est inacceptable.

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