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Intervention de Claude Gatignol

Réunion du 11 février 2009 à 11h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Gatignol :

Je salue la qualité de cette communication, qui sur un sujet sensible dresse un état des lieux très documenté et formule des propositions intéressantes. C'est un document qui sera utile aux travaux de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, qui m'a chargé d'un rapport sur les pesticides.

Il faut faire preuve d'une grande prudence dans le discours, comme sur tous les sujets pour lesquels la science intervient en amont afin d'orienter les choix politiques. Il faut se garder des caricatures et des anathèmes.

Il faut par exemple marteler l'existence d'un lien directe entre la dose et le seuil, mais aussi la multiplicité des facteurs qui peuvent interférer.

Rappelons également que l'état de santé de la population s'améliore, l' espérance de vie s'accroît, et qu'il faut créer les conditions pour que cette amélioration se poursuive, par exemple à travers des campagnes de communication à l'instar de celle sur la nécessité de consommer cinq fruits et légumes par jour.

S'agissant de l'utilisation des pesticides, il existe deux grandes catégories d'utilisateurs : les producteurs de fruits et légumes et ceux que l'on pourrait appeler les « utilisateurs du dimanche », d'une part, et les grandes exploitations, d'autres part, lesquelles utilisent de grandes quantité de pesticides. Cette utilisation soulève des interrogations pour eux, mais aussi pour les consommateurs ainsi que pour la santé des animaux et des commensaux.

Gardons en tête que les pesticides sont des médicaments pour des plantes à vocation alimentaire, ils contiennent des substances actives et sont utiles pour nourrir les populations. L'été 2007 a été marqué par une grande humidité, et si nous n'avions pas disposé de pesticides adaptés, nous nous serions retrouvés dans la même situation que l'Irlande en 1830, dans l'incapacité de protéger nos cultures de pommes de terre contre le mildiou.

Il convient par ailleurs de fixer les limites maximales de résidus au niveau adéquat, en ayant en tête que bien souvent ces limites sont mille fois inférieures à la dose produisant un effet sur la santé humaine.

S'agissant du problème de l'eau, la rémanence de certains produits comme l'atrazine, utilisée dans les cultures de maïs, et dont on retrouve la présence quinze ans après son épandage, soulève de réelles difficultés, mais les résidus de pilules contraceptives ont des effets plus nocifs sur certaines espèces.

L'utilité des pesticides est parfois méconnue : outre le fait qu'ils permettent de garantir un niveau de production agricole compatible avec les besoins de la population, les toxicologues, les épidémiologistes et le cancérologues s'accordent pour reconnaître que sans produits phytosanitaires, le développement de champignons engendrant des alphatoxines cancérigènes ne pourrait être endigué.

L'utilisation du DDT avait permis de faire passer de 5 millions à 5000 le nombre de cas de paludisme, et de chiffre est remonté à 3 millions depuis l'interdiction de cet insecticide.

Les biocides permettent de contrôler la croissance de la population d'étourneaux, redoutables prédateurs et vecteurs de nombreuses maladies.

Des interrogations ont pu être émises sur les effets de certains pesticides sur les insectes pollinisateurs et notamment les abeilles, mais ces doutes ont été dissipés par une récente étude de l'AFSSA.

Une utilisation maîtrisée de toutes ces substances et nécessaire, il convient de veiller à l'interdiction des produits dangereux, et à développer des solutions alternatives par le développement de substances moins rémanentes et moins concentrées, mais aussi de plantes transgéniques. Le Haut comité des biotechnologies, dans lequel mes collègues m'ont fait l'honneur de me désigner, aura à cet égard beaucoup de travail, notamment afin d'éviter les écueils du principe de précaution et de la clause de sauvegarde, et je voudrais à cet égard relayer l'appel d'urgence du professeur Marc Fellous, membre de la commission du génie biomoléculaire, qui nous a déclaré que la recherche en biotechnologies était sinistrée, le dernier laboratoire français venant de quitter la France pour aller au Chili. Cette recherche a été fauchée avant d'atteindre sa pleine maturité.

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