Pour répondre à Michel Vaxès, il me semble que l'on prend le problème à l'envers. On part du principe que toutes les minorités de Corse doivent être représentées à l'Assemblée, grâce à un mode de scrutin adapté. Or ces minorités ont elles-mêmes été fabriquées par un mode de scrutin. Longtemps en effet, la Corse fut bicéphale, partagée entre, d'un côté, les gaullistes et les libéraux, de l'autre, les radicaux. En 1982, Gaston Defferre a voulu élargir la représentation à d'autres sensibilités politiques ; et il a conçu un nouveau mode de scrutin pour obtenir ce résultat. Nous en subissons aujourd'hui les conséquences, avec la balkanisation de la Corse. À l'Assemblée de Corse, que je préside, trois groupes sont issus d'une seule et même liste, celle qui était menée par Paul Giacobbi !
Sur les six parlementaires que compte la Corse, cinq sont pleinement favorables aux modifications apportées par la proposition de loi. Simon Renucci n'a qu'un seul point de désaccord : il souhaite que le seuil de maintien au second tour soit ramené de 7 à 5 % ; mais il serait incohérent que le seuil d'accès au second tour soit identique à celui permettant à deux listes de fusionner !
À l'Assemblée de Corse, c'est vrai, vingt personnes ont quitté l'hémicycle. Ce n'est pas rare, et cela s'est produit à minuit et demi, alors que le débat s'enlisait ; cela n'a donc pas de signification, et parmi ces vingt élus, beaucoup peuvent se rallier à l'idée qu'il faut préférer aux querelles de personnes le débat démocratique sur des projets et des idées. On peut se rassembler avant le premier tour, ou entre les deux tours, mais pas lors d'un troisième tour, par la constitution de coalitions hétéroclites. En Corse comme ailleurs, il faut des majorités stables, et les électeurs doivent savoir à l'avance qui va faire quoi.