Cette crise ne fait que confirmer la profonde hétérogénéité de l'Europe. Or, il ne faut pas se le cacher : la coordination économique n'est qu'un pis-aller, qui ne se justifie qu'en l'absence de politique commune. Quand celle-ci existe, les résultats sont au rendez-vous : le succès de l'euro démontre qu'une politique commune permet de mieux résister aux crises. Il faut donc aller au-delà de la coordination chaque fois que nous le pouvons.
J'observe également que le couple franco-allemand demeure essentiel pour l'Europe, alors que l'on avait imaginé qu'il perdrait de son importance dans une Europe comptant 27 membres. Cela étant, il doit pas toujours être facile pour vous de représenter, face à l'Allemagne, un pays qui n'a pas été capable de présenter un seul budget en équilibre depuis plus de 25 ans, et dont les déficits ont atteint une profondeur abyssale. La situation serait plus simple si l'on ne partageait pas seulement la solidarité au plan européen, mais aussi la vertu.
J'en viens à ma question : comme le rappelait récemment M. Camdessus, la réforme du FMI préparée il y a une dizaine d'années afin de tirer les leçons de la crise financière asiatique avait été subitement bloquée par les Etats-Unis. Le problème n'est pas technique, mais politique : les Etats-Unis vont-ils accepter de partager le pouvoir mondial en matière monétaire ? L'Union européenne travaille-t-elle à une position commune dans ce domaine ? Est-elle prête, sinon à affronter les Etats-Unis sur cette question, du moins à défendre une conception volontariste ?