Je ne mésestime nullement la complexité de la gestion de Radio France, mais l'on ne dirige pas seul une telle maison. D'autre part, devrait-on être prédéterminé pour une seule fonction tout au long de sa vie ? Y aurait-il une caste de managers et d'autres à qui la joie de cette fonction devrait ne jamais échoir ? Si l'on a une ambition pour une entreprise, il faut se mettre en position de la diriger. J'ai commencé comme journaliste reporter, seul. Un jour, je suis devenu directeur de la rédaction de France Inter, une antenne qui rassemblait un peu plus de cent journalistes exigeants. J'ai alors géré une équipe, un budget, le personnel administratif et j'ai rendu un budget impeccable, car c'est ainsi que j'ai été élevé. Ensuite, je suis devenu le directeur d'une antenne qui compte 453 salariés et j'ai dû traiter tous les problèmes de cette antenne, ce dont je pense ne m'être pas trop mal tiré. Certes, à Radio France, les chiffres sont décuplés et les problèmes sont d'un autre niveau, mais j'ai réfléchi à la manière de m'entourer de gens compétents. De plus, Radio France est une entreprise bien gérée par les gens en place ; je m'appuierai sur eux, car c'est cela la continuité du service public. Je sais, bien sûr, que tout ne sera pas simple, mais je fais confiance aux cadres dirigeants et au personnel.
Cette nouvelle fonction devrait-elle me frustrer ? J'ai eu une vie de journaliste magnifique, je la dois à Radio France. Si frustration il y a, elle sera légère !
La différence de l'information entre la radio de service public et les autres est considérable : c'est l'indépendance ! Mon actionnaire – vous – ne fera pas pression sur moi pour des raisons d'ordre financier ou commercial. C'est inestimable.