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Intervention de Jean-Luc Hees

Réunion du 29 avril 2009 à 10h00
Commission des affaires culturelles, familiales et sociales

Jean-Luc Hees :

Permettez-moi de vous répondre tout de suite à ce sujet, car j'ai le souvenir le plus vif de cet épisode. J'avais recruté M. Winckler comme chroniqueur pour la tranche du matin et les choses se sont passées de manière satisfaisante jusqu'à ce que la guerre soit déclarée en Irak. Ce jour-là, j'ai fait supprimer toutes les chroniques programmées entre 7 heures et 9 heures, dont celle de M. Winckler, qui a dû y voir un crime de lèse-majesté, écrivant sur le blog qu'il tenait à l'époque une phrase sur le mode : « La guerre, c'est une chose, mais je ne comprends pas que l'on supprime ma chronique ». Je l'ai toutefois laissé poursuivre son travail jusqu'à la fin de la saison car c'est ce qui était prévu dans son contrat. Sur un plan plus général, j'ai toujours assumé ce qui était dit sur l'antenne de France Inter, sans jamais chercher de bouc émissaire, car le patron d'une antenne de radio est responsable des éditorialistes et des chroniqueurs qu'il a choisis. Il m'est parfois arrivé d'assumer cette responsabilité devant les tribunaux mais jamais, au cours de mon mandat, personne n'avait été diffamé. Or, s'agissant de ce laboratoire pharmaceutique, il y a eu diffamation, et j'ai dû diffuser un droit de réponse. Il était donc temps d'interrompre le contrat de M. Winckler, ce qui a été fait lorsqu'il est arrivé à son terme. Cet épisode demeure pour moi un pénible souvenir.

Vous voudrez bien convenir que je suis le moins bien placé qui soit pour commenter la loi réformant l'audiovisuel public. Il serait particulièrement hypocrite de ma part de me prononcer en termes négatifs sur le mode de désignation des présidents de l'audiovisuel public alors que j'aspire à la présidence de Radio France.

Il m'est arrivé d'être révoqué. Les choses n'étaient pas dites ainsi, mais c'est ce dont il s'agissait. Ce sont les risques du métier, et cela ne modifie pas ce que je suis. J'ai 57 ans, je vous l'ai dit, et je ne vais pas, à cet âge, ruiner ma réputation pour devenir un journaliste aux ordres. Ce n'est pas ma nature.

On a beaucoup parlé de M. Stéphane Guillon. Je l'ai écouté ce matin encore avec mon épouse ; il se moquait de moi dans de grandes proportions et cela m'a fait rire. À vrai dire, il ne me fait pas rire tous les jours, mais je comprends que les auditeurs aient envie d'humour. Je l'avais recruté, à l'époque, pour Le Fou du roi. Est-il satisfait d'être au centre d'une polémique ? Je n'en suis pas certain, et je ne suis pas sûr qu'il soit tout à fait à son aise. Quoiqu'il en soit, si je suis nommé, je ne le mettrai pas à la porte car il a du talent – il me fait rire une fois sur deux, ce qui est déjà beaucoup… J'ai dit, devant le CSA, que je ne suis pas un zélateur absolu de l'impertinence, dont je ne pense pas qu'elle ait en soi une vertu particulière ; cela étant, elle ne me pose pas de problème idéologique et l'humour me convient aussi bien. Peut-être pourrait-on d'ailleurs imaginer programmer des chroniques humoristiques sur d'autres antennes que sur France Inter : si des gens peuvent faire rire, cela ne me dérange en rien. Cela étant, il y a des limites, non pas à l'humour, mais au contenu de ce qui est diffusé sur les antennes du service public. À cet égard, je ne supporterai jamais la diffamation, d'ailleurs punie par la loi. Il m'est déjà arrivé de devoir présenter des excuses à l'antenne, notamment lors de l'exhumation du corps d'Yves Montand, car des propos très déplacés avaient été tenus. Je n'ai pas licencié leurs auteurs mais j'ai présenté des excuses publiques à la fille d'Yves Montand.

Je comprends votre point de vue de législateur, mais pour ce qui me concerne je n'ai à aucun moment eu à me prononcer sur cette loi. Pour autant, il ne convient pas de remettre en cause mon indépendance. Si je suis un peu tendu, si j'ai le trac, c'est bien parce que je pense que ma désignation en qualité de président de Radio France n'est pas acquise. D'autre part, si elle aboutit, j'aurai besoin que vous ayez confiance en moi. En septembre prochain, je serai journaliste depuis quarante ans et je m'honore d'avoir, pendant tout ce temps, toujours tenu ma place et mon rang.

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