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Intervention de Hervé Morin

Réunion du 11 octobre 2007 à 10h00
Groupe de suivi du « grenelle de l’environnement

Hervé Morin :

Lors d'une réunion préparatoire organisée à l'Élysée, j'avais fait valoir à M. Juppé, alors ministre de l'écologie, que le découpage des problèmes qu'il proposait pour le Grenelle de l'environnement ignorait un problème de fond qui les reliait tous : le problème de civilisation. Nous sommes victimes du recours systématique aux experts – économistes, démographes, etc. –, qui nous empêchent d'appréhender l'unité d'une question au-delà des approches spécialisées. Notre éducation joue ici un rôle pervers.

Pour ce qui est de mon « optimisme », ma conception est que, si nous continuons ainsi, nous allons vers la catastrophe. Le probable est en effet la catastrophe. Cependant, c'est souvent l'improbable qui s'est réalisé dans l'histoire, de la résistance des Athéniens contre l'énorme empire perse à l'ébranlement de l'empire nazi, qui semblait triomphant, par l'entrée en guerre des États-Unis à la fin de 1941. Nous nous dirigeons peut-être vers une série de grandes catastrophes, mais les catastrophes, malheureusement ou heureusement, aident à la prise de conscience. « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve », écrivait Hölderlin. À mon avis, l'improbable arrivera par des prises de conscience qui ne sont pas encore intervenues aujourd'hui.

En somme, nous assistons à une course de vitesse entre le cours catastrophique et incontrôlé des dérèglements et la capacité humaine d'y remédier. La difficulté est que les États nationaux ne peuvent agir que de façon limitée, dans un contexte planétaire où un grand nombre de problèmes décisifs, notamment celui de la biosphère, leur échappent, alors qu'aucune instance internationale n'est capable de se saisir de la situation : c'est un grand trou noir ! Espérons toutefois que le Grenelle de l'environnement soit l'occasion de prendre conscience que le problème à traiter va bien plus loin que celui des énergies. J'ai de toute façon l'habitude, comme le prophète, de prêcher dans le désert : vox clamantis in deserto. Il arrive pourtant que des pousses apparaissent dans le désert.

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