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Intervention de Catherine Coutelle

Réunion du 10 juin 2008 à 16h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Coutelle :

Chacun a apprécié des choses différentes dans vos propos. C'est tout leur intérêt. Pour ma part, j'ai apprécié votre suggestion d'une politique de mémoire. Je ne suis pas loin de partager votre critique des lois mémorielles.

La politique mémorielle passe, selon vous, par un élargissement de la mémoire. Je trouve cette approche très intéressante et on s'efforce de la respecter, y compris dans l'enseignement, en ne montrant pas les Croisades du seul côté des Croisés, venus d'Occident. Nous avons tous appris la conquête de l'Amérique en 1492. Quand, en 1992, on a organisé des séminaires sur la conquête de l'Amérique, nous avons entendu des Indiens d'Amérique du Nord nous expliquer qu'il ne s'agissait pas d'une découverte puisque eux étaient déjà là. C'est nous qui les avons découverts ! Je me souviens de Grand Louis qui nous a fait changer de point de vue. C'était passionnant. Pour avoir été en Hongrie, je comprends très bien ce à quoi vous avez fait allusion. Les Hongrois n'ont pas la même vision que nous de François Ier, et ils nous en veulent aussi pour la perte d'une partie de leur territoire.

Je partage moins votre point de vue sur le rôle du Parlement, qui est tout de même l'objet de notre réflexion. Je ne suis pas sûre que ce soit aux politiques de faire les programmes d'histoire, je suis même sûre du contraire. La preuve en est que je nous mets au défi, tous les 577, de nous mettre d'accord sur des programmes d'histoire. Les nuits promettraient d'être longues ! En plus, ce n'est pas notre rôle. Si les programmes sortent du Parlement, ce sera une histoire officielle. À nouveau, on la suspecterait, même si nous parvenions à un consensus. Il faut distinguer la politique de mémoire de l'enseignement de l'histoire, qui devrait être le plus large possible et donner simplement des dates – et non les dates – de référence, car les dates ne sont pas les mêmes selon le point de vue que l'on adopte. L'histoire de la Révolution n'obéit pas aux mêmes césures selon qu'il s'agit d'histoire politique ou économique. La guerre aussi a changé le cours de la Révolution. Laissons un peu d'autonomie à ceux qui enseignent, faisons confiance à leur intelligence, laissons-les aussi s'adapter à leur public, qui va de l'école primaire à l'université.

Oui à la politique de mémoire, non à l'histoire que nous écririons !

Quant au rôle de l'histoire, je pense très sincèrement qu'elle ne donne pas de leçons. L'histoire est faite pour comprendre le passé, et partant le présent, mais elle ne donne pas de leçon pour l'avenir. Sinon, cela se saurait : ni les massacres, ni les guerres ne recommenceraient…L'histoire a un autre rôle.

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