C'est l'interdiction de nuire qui est la base de toutes les régulations de la presse. Ce ne sont pas les opinions qui sont condamnées, c'est une certaine action contre son prochain. De même, le viol de la privauté est sanctionné en tant qu'acte d'agression. Je pense que votre objection ne vaut pas.
Je suis plus sensible à votre argument selon lequel, l'histoire étant écrite par les vainqueurs, elle oublie les vaincus. C'est vrai. Mais faut-il pour autant faire de la défaite un droit éternel sur le reste de l'humanité ? Les vaincus doivent être intégrés peu à peu dans le récit. Et commençons par le commencement, c'est-à-dire par nos malheureux ancêtres les Gaulois qui ont passablement trinqué. J'ai appris le latin en traduisant les massacres de Jules César, qui avait la main lourde. Quand une cité lui résistait, ses habitants étaient passés au fil de l'épée. C'est ainsi que cela se passait à l'époque. Cesser de faire passer les Gaulois pour de parfaits sauvages, déclarer qu'il y avait au mont Beuvray une grande agglomération, n'est pas la même chose que de commémorer les souffrances des Gaulois. Pourtant, ils ont incontestablement souffert.
Autre événement beaucoup plus proche. Dans mon pays, les « colonnes infernales » sont passées. C'était sous la République, et elle a massacré mes ancêtres. C'est comme ça. Cela fait partie du travail de réflexion sur la Révolution française. Il n'y a pas à isoler tel ou tel événement. Vous aurez compris que je suis Nantais. Or Nantes évoque quelque chose d'autre. Dans mon enfance, quand j'allais au musée d'histoire locale, au château de Nantes, il y avait des choses sur la traite. Il y en a un peu plus maintenant, mais ce n'est pas une nouveauté. La traite, nous l'avons apprise à l'école, et en nous promenant le dimanche. On n'en a peut-être pas assez parlé, mais il n'y a pas eu dissimulation. Encore une fois, c'est isoler tel ou tel aspect qui me gêne. C'est pourquoi nos représentants devraient essayer d'élargir la question.