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Intervention de Bernard Laporte

Réunion du 30 octobre 2008 à 9h00
Commission élargie

Bernard Laporte, secrétaire d'état chargé des sports, de la jeunesse et de la vie associative :

Monsieur le député, nous sommes d'accord sur plusieurs points, mais pas concernant le privé. Pour vous montrer le besoin que l'on en a, je prendrai l'exemple des Britanniques. En cyclisme, six mois avant les Jeux olympiques, nous étions meilleurs qu'eux. Pourtant, ils ont raflé presque toutes les médailles d'or. Outre la mise à disposition d'infrastructures de qualité, la fédération a en effet demandé à des entreprises privées d'entourer les athlètes. Leurs moyens humains – diététiciens, psychologues… – et financiers ont ainsi permis, en six mois, de faire gagner les sportifs britanniques. C'est Clive Woodward, qui est en charge de Londres 2012, qui m'a expliqué comment il avait restructuré le sport de son pays en faisant appel au privé. Le résultat est là : de la dixième place en 2004, les Britanniques sont passés à la troisième en 2008.

Le privé ne sert pas qu'à payer des joueurs de football. Steeve Guénot, qui est employé de la RATP, pourrait ainsi, sinon gagner forcément de l'argent, du moins avoir à sa disposition ce dont il a besoin pour maintenir et améliorer ses performances.

Si le Stade français va chercher un partenaire comme SFR ou Orange, cela ne me concerne pas. Ma mission est de faire en sorte que les athlètes olympiques, qui ne gagnent pas d'argent et doivent travailler à côté, puissent s'entraîner dans les meilleures conditions. Ils sont la vitrine du sport français. J'ai cité Steeve Guénot, j'aurais pu aussi bien prendre l'exemple de Alain Bernard, même s'il est désormais plus connu.

Quant au droit à l'image collective, je le défends pour que nos clubs soient compétitifs. Je ne m'en flatte pas, mais c'est une mesure qui permet aux clubs d'exister et de ne pas perdre les quelques bons joueurs que nous avons. Elle ne sera d'ailleurs pas forcément pérennisée car j'espère que les paris sportifs procureront les recettes supplémentaires annoncées, et permettront ainsi de conserver les meilleurs.

Si une mission a été confiée à Éric Besson afin d'accroître la compétitivité de nos clubs, c'est aussi pour trouver des solutions. À cet égard, la force des clubs anglais aujourd'hui tient à leurs infrastructures, domaine dans lequel nous avons pris du retard depuis une quinzaine d'années. Dans notre pays, le stade est municipal et les recettes proviennent du sponsoring, et, disons, de l'organisation d'une vingtaine de matchs. C'est tout. Les Britanniques comme les allemands, eux, ont compris qu'il faut trouver des ressources supplémentaires. L'enceinte sportive rapporte de l'argent tous les jours, car elle accueille des centres commerciaux, des cinémas,… Ils ont été visionnaires. Aujourd'hui, des clubs comme Lyon ou Lille veulent faire de même, et transformer les stades en véritables lieux de vie, où l'on se rend, avant, pendant et après le match.

Quant aux conventions d'objectifs, je me suis battu pour faire en sorte que les fédérations ne perdent pas un euro. Vous parliez des douches d'un petit club, mais celui dont je viens, Gaillac, n'en comprenait même pas ! Cela ne nous empêchait pas d'être heureux.

Le budget alloué aux fédérations ne changera jamais parce qui, si on supprime les conventions d'objectifs, alors il ne faut pas dire qu'on veut développer le sport ! Ce sont les fédérations en effet qui développent le sport en France. C'est sur les conventions d'objectifs, et sur les cadres techniques que nous nous mettons à disposition, que repose le développement du sport. Il n'est pas question d'y toucher.

S'agissant des clubs espagnols, je précise à M. Juanico que la balle est dans le camp de Michel Platini. C'est l'UEFA qui doit agir. Si un club peut vivre avec 800 millions de déficit, il n'y a pas d'égalité des chances. Nous proposererons à Biarritz de mettre en place une direction de contrôle et de gestion européenne.

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