L'année prochaine, si nous mettions à plat le budget européen, la France ferait une économie de 10 milliards d'euros – le coût de la machine bruxelloise. On pourra faire autant sur le plan européen, à condition que ce soient les États qui prennent ensemble les décisions et les mettent en oeuvre au plan national, ce qui était, mes chers collègues, je vous le rappelle, la conception initiale du traité de Rome. De multiples économies sont donc à faire.
Toutefois, par-delà les économies de structure, vous devez avoir un seul mot d'ordre aujourd'hui : investir, encore investir, toujours investir ! Nos investissements ont été trop faibles ces dernières années, même si la formation brute de capital a crû de 7 %. Toutefois nos besoins sont énormes – cela a été souligné : infrastructures ferroviaires, équipements publics, logements, recherche et développement. Mais comment financer ? C'est là qu'il faut faire preuve d'un peu d'imagination. Accorder des dégrèvements fiscaux est un moyen qui fonctionne, mais d'aucuns nous diront qu'il est contraire aux critères de Maastricht. Assez de cette rigidité dogmatique ! Il faut savoir sortir de l'idéologie obsolète de Bruxelles. L'heure n'est plus au modèle du prêt-à-penser économique.
Je vous soumets une deuxième idée pour relancer les investissements. J'ai bien noté le plan Oséo, qui va dans le bon sens pour les entreprises. Mais il faut aller plus loin. Pourquoi la Caisse des dépôts n'accorderait-elle pas de prêts avec la garantie de l'État aux collectivités et aux entreprises qui se lanceraient dans de nombreux projets d'équipements arrêtés d'un commun accord, permettant de relancer l'économie ? J'entends déjà rétorquer que cette garantie fausserait la concurrence ! Assez d'eurobéatitude sur la concurrence parfaite, qui n'existe pas et n'a jamais existé ! Le retour de l'État et des États qui s'est justement fait pour les banques doit désormais se faire pour l'économie réelle. La situation appelle d'autres réponses que les théories bruxelloises. Il faut revenir aux réalités. Nous devons faire de l'économie politique. Nous avons besoin d'une véritable politique industrielle tant au niveau national qu'au niveau européen, même si cela déplaît aux gnomes de Francfort ! (Sourires.)
Enfin, nous devons adapter notre fiscalité. Je le dirai très nettement : l'argent des riches doit s'investir en France et ne pas fuir à l'étranger pour abonder l'économie des États notamment européens. Des centaines de milliards d'euros peuvent revenir s'investir en France si nous avons l'intelligence et le courage de supprimer cet impôt imbécile qu'est l'ISF. Mes propos seraient-ils iconoclastes ? Oui ! Ils le sont contre le terrorisme de la pensée unique. L'heure est à l'audace, à toujours plus d'audace ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)