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Intervention de Jean-Jacques Guillet

Réunion du 4 juillet 2007 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Guillet :

s'est interrogé sur la viabilité d'un éventuel Etat palestinien dès lors que le gouvernement israélien n'entend traiter qu'avec les modérés, ce qui est parfaitement compréhensible. Puis il a souligné la nécessité d'éviter un étranglement économique trop important à Gaza et en Cisjordanie, qui participe à la montée en puissance du Hamas. La multiplication des barrages et les difficultés de circulation contribuent en effet à l'affaiblissement des territoires ; c'est pourquoi il a souhaité savoir jusqu'où le gouvernement israélien serait prêt à aller en termes de concessions à l'égard de l'Autorité palestinienne et du gouvernement mis en place par M. Abbas pour alléger la pression, au-delà des problèmes de taxes évoquées précédemment par le président Axel Poniatowski. M. Jean-Jacques Guillet a ensuite souhaité connaître la position d'Israël sur le plan proposé il y plusieurs mois par le Roi Abdallah d'Arabie Saoudite et qui avait en son temps suscité une réaction ambiguë du Premier ministre M. Ehud Olmert. Il a enfin interrogé la Ministre sur le destin du soldat franco-israélien M. Shalit et sur la réaction du gouvernement israélien si le Hamas parvenait à le libérer et proposait de le livrer aux autorités israéliennes au point de passage d'Erez.

En réponse, Mme Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères de l'Etat d'Israël, a apporté les précisions suivantes :

– Pour mettre fin à la détention du caporal Gilad Shalit, citoyen israélien et français, des discussions sont actuellement menées par l'intermédiaire de l'Égypte qui est en contact avec ceux qui le détiennent. En vue d'un échange, une liste de personnes détenues en Israël, dont la Ministre a jugé le nombre suffisant, a été transmise. Ce sujet sera toutefois mieux traité dans le calme et le secret que sur la scène publique.

– Concernant la coexistence de deux États, la Ministre a souligné que l'opinion qu'elle a présentée devant la Commission est partagée par la majorité des Israéliens. Dans le passé, une alternative existait : la permanence d'un seul cadre national entre le Jourdain et la mer ou bien la recherche d'un accord avec les Palestiniens afin d'aboutir à la création d'un État qui leur soit propre. L'existence d'un État palestinien apparaît donc comme la résultante d'un compromis au sein de l'opinion israélienne. Pour expliquer cette évolution, il faut comprendre ce qu'est Israël, à la fois une terre, un foyer pour le peuple juif et un État démocratique. Israël a dû progressivement se persuader que sa pérennité impliquait de renoncer à une partie des terres sur lesquelles de nombreux Israéliens estimaient avoir des droits historiques pour réaffirmer son existence et ses valeurs. Consciente du fait que les Palestiniens estiment qu'ils en sont les titulaires les plus anciens, la Ministre a affirmé qu'il n'existait pas de solution définitive sur ce point.

Le développement économique des deux États est dans l'intérêt d'Israël. L'aggravation de l'écart existant entre Israël et l'Autorité palestinienne fait persister un antagonisme qui n'est pas sain. Le succès de l'économie israélienne a été construit en dépit de l'existence de zones quasiment désertiques et d'un capital économique de départ peu important, grâce à un apport important de capital humain. Israël est prêt à coopérer à toute initiative économique contribuant au développement de la Palestine, notamment sous l'impulsion de M. Blair récemment nommé émissaire du Quartet au Proche-Orient. Toute coopération cesserait si une opération à but économique devait créer une menace pour sa sécurité. Cet argument n'est pas idéologique, il touche des situations très concrètes : l'ouverture d'un point de passage contribue au développement d'une région mais peut également favoriser la circulation de terroristes.

– Il est souvent affirmé que le dialogue avec le Hamas est impossible parce que celui-ci est une organisation terroriste. La Ministre a indiqué que ce n'était pas la raison pour laquelle elle ne souhaitait pas ouvrir de discussions avec ce mouvement. Un dialogue doit être ouvert avec tous ceux qui peuvent aider à relancer un processus de paix. Le Hamas n'est pas considéré comme un bon interlocuteur non pas à cause des moyens violents que ses militants emploient, mais parce que son but ultime n'est pas d'aboutir à un tel processus. Son objectif est de supprimer tous les points de vue différents du sien dans la région. La Ministre a ainsi souligné que, bien qu'elle n'ait pas à donner le point de vue des Palestiniens modérés, ceux-ci affirmeraient certainement qu'ils ne souhaitent pas voir l'enseignement se radicaliser en Palestine et les jeunes gens formés en vue de commettre des attentats suicides ; ils refuseraient tout autant que soit imposé le port du voile aux jeunes Palestiniennes. La Palestine est proche de l'Occident et un dialogue est possible. Israël estime toutefois que seuls les acteurs respectant les trois critères fixés par la communauté internationale (renonciation à la violence, reconnaissance d'Israël, respect des résolutions de l'ONU) sont des interlocuteurs possibles. Le Hamas n'est donc pas sanctionné pour son attitude dans le passé mais pour ses objectifs d'aujourd'hui.

Le président Axel Poniatowski a remercié Mme Tzipi Livni de s'être exprimée de façon si directe devant la commission.

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