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Intervention de Jocelyne Fildard

Réunion du 3 mars 2009 à 16h00
Mission d’évaluation de la politique de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes

Jocelyne Fildard :

Il est une frange de la population féminine dont on parle très peu et que la proposition de loi contribue à rendre visible en mettant l'accent sur les violences qu'elles subissent, ce sont les lesbiennes. Ainsi, l'ENVEFF ne les identifie et ne les prend pas en compte en tant que telles. Or la lesbienne est une femme comme une autre. On leur dit souvent d'aller militer avec les gays plutôt qu'avec les féministes. C'est une grossière erreur qui nous renvoie en quelque sorte à la domination des hommes en ne nous reconnaissant pas en tant que femmes. Ainsi, lors de la dernière journée IDAHO, contre l'homophobie, quelques associations dont la Coordination lesbienne en France (dont je fais partie) ont été conviées par Mme la secrétaire d'État aux droits de l'homme, un gay , a déclaré, lors de cette réunion de travail qu'il fallait faire de la lesbophobie (violences que vivent les lesbiennes) une « sous-catégorie » de l'homophobie ! Le fait de faire prendre en compte les violences que vivent les lesbiennes avec celles que vivent les gays ne nous rend visibles que par le prisme de notre sexualité et ne nous reconnaît pas en tant que femmes à part entière : Or nous subissons des violences en tant que femmes.

Il n'existe aucune étude officielle sur ce sujet spécifique. Seule existe une enquête menée par la commission lesbophobie de SOS homophobie. Sur les 1 793 lesbiennes qui ont répondu, 45 % subissaient des violences physiques ou psychologiques dans leur vie quotidienne, 44 % dans leur famille, 24 % au travail, 24 % de la part de leurs amis et 18 % de la part du voisinage....Les violences d'ordre psychologique, qui ne sont pas passibles de sanctions pénales, allaient de l'incompréhension, à la mise à l'écart, à la diffamation. Les conséquences sont graves ; elles se traduisaient par des épisodes dépressifs, pour 19 % d'entre elles, des angoisses pour 13 % d'entre elles et 11 % de ces femmes ont dû recourir à un soutien psychologique. Les violences subies par les lesbiennes font bien partie des violences faites aux femmes. J'ai accompagné une lesbienne qui a vécu un viol punitif. La Coordination lesbienne en France s'est portée partie civile et l'avocate de la victime m'a déclaré : « Si la victime avait eu un chien, la SPA aurait pu porter plainte ? » Si ces violences spécifiques avaient été nommées en tant que telles dans un texte législatif, cette avocate aurait peut-être eu un autre regard et ne se serait pas permis une telle réflexion indignante ! Ça suffit ! Et je vous demande comment vos travaux prendront en compte le cas particulier des lesbiennes ?

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