Eux qui se sont exilés parce qu'ils estimaient que les prélèvements obligatoires étaient trop importants, seront bien contents de profiter de l'effort consenti par ceux qui sont restés. Nous allons les accueillir, mais moins bien qu'ils n'auraient pu l'être, car vous êtes passés par là : si aujourd'hui vous trouvez de nouveau des vertus à l'État, depuis de nombreuses années, vous avez tout fait pour que cet État, que nous souhaitons fort et impartial, soit affaibli et, souvent, partial.
Ce projet de budget n'est donc pas plus adapté à la situation du pays que celui de 2008 ne l'était pour nous préparer à affronter une crise. La semaine dernière encore, certains collègues appelaient à l'Union nationale – mais sur quel ton ! L'arrogance, le venin, le fiel même de certains porte-parole de l'UMP ne sont pas les meilleurs arguments pour obtenir une union nationale, au demeurant tout à fait souhaitable quand le pays est secoué par une crise aussi virulente que celle que nous connaissons. Une union nationale, cela se construit. On y a déjà réussi d'ailleurs. Mais il y faut la volonté et un comportement chez les plus hauts responsables de l'État qui font défaut aujourd'hui.
Lors de la première guerre du Golfe, le Président de la République et le Premier ministre avaient su construire cette union nationale. En l'occurrence, les responsables de l'opposition étaient informés, leurs questions trouvaient réponse et leurs exigences étaient parfois satisfaites, les solutions leur étaient soumises, qui pouvaient aboutir à des compromis. L'union nationale se fit également sur la question du Kosovo. Le Premier ministre était Lionel Jospin, le Président de la République Jacques Chirac. Dans ce cas encore, l'opposition n'avait pas été traitée avec un mépris insupportable, mais pour ce qu'elle est, c'est-à-dire partie intégrante de la représentation nationale.
L'union nationale sera peut-être une fois encore nécessaire, étant entendu que l'opposition restera elle-même, car nos visions de la société et nos valeurs ne sont pas les mêmes, et les Français doivent conserver le choix entre les unes et les autres. Mais je doute que la politique que vous mettez en oeuvre permette au pays de sortir de la crise. Cette politique, il faudra la changer et pour le faire, vous aurez, probablement, besoin de nous un jour.
Dans ces conditions, je ne vous demande qu'une chose : c'est, faisant preuve d'un peu moins d'arrogance et de certitude, d'admettre que la politique que vous menez depuis près d'un an et demi n'est pas celle que notre pays attend pour résoudre la crise économique et sociale. Il faut changer de politique, pour que le pouvoir d'achat de ceux qui en ont besoin progresse, en particulier celui des retraités. A ce propos, je me réjouis que l'orateur de l'UMP ait évoqué les retraités agricoles, même si je crains qu'il connaisse mal leur situation car il n'a pas dû en rencontrer très souvent dans sa circonscription. Reste que, pour ceux qui ont les retraites les plus faibles, il faut faire un effort particulier. Rien dans ce projet de budget ne le permet. Que le FIPSA ne soit plus en déficit, ce dont je me félicite, ne leur permettra pas pour autant de vivre dignement.
Nous nous efforcerons donc d'amender ce projet de budget pour que les politiques menées l'an prochain soit beaucoup plus conformes à celles que souhaitent nos concitoyens. C'est le sort réservé à nos amendements qui nous dira si vous étiez sincères ou non en appelant à l'union de tous pour résoudre une crise qui frappe effectivement tous les Français. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)