Autant dire que vous estimiez, à moins que vous n'ayez voulu nier l'existence de la crise, que ces mesures pouvaient préparer le pays à y faire face et aider nos concitoyens à en supporter les conséquences sans trop de dommages. À cet égard, nous sommes déçus.
Je ne suis pas certain que, lorsque vous présentiez ce paquet fiscal, l'analyse objective n'ait pas été obérée par l'euphorie. Mais, si l'euphorie propre à gagner toute majorité nouvellement élue promet les vainqueurs aux certitudes bien établies et aux convictions politiques fièrement assumées, le temps qui passe et les épreuves qu'il apporte doivent, un jour, leur permettre d'en rabattre. Ce moment est venu, madame la ministre.
Vous vous êtes beaucoup trompée. Vous vous êtes trompée en élaborant les hypothèses du budget pour 2008. Certes, aucun des deux candidats à l'élection présidentielle n'avait prévu ni la crise alimentaire ni la crise énergétique ni la crise financière. Mais, l'été dernier, vous n'avez vu arriver ni le choc énergétique ni l'inflation qui en découlerait. C'est pourquoi vous avez bâti le budget pour 2008 en tablant sur une inflation de 1,6 %, quand celle-ci sera en fait de 2,9 ou 3 %. Or cette inflation a un coût, qui se montera en 2008 à 4 ou 5 milliards d'euros. Voilà qui compromet l'équilibre des finances publiques et alourdit encore la dette qui, depuis 2002, a augmenté de 10 points de PIB, soit de presque 200 milliards d'euros. Les générations futures devront l'acquitter comme la facture de l'impéritie des gouvernements qui, depuis 2002, annoncent l'équilibre des comptes, mais constatent, chaque fois, en fin d'année, que le déficit public s'est aggravé.