Sur nos 950 millions d'euros de budget, 850 proviennent des prix de journée de nos établissements. Cela peut paraître énorme, mais c'est ce qui nous « plombe » : la Croix-Rouge est un colosse aux pieds d'argile, l'État ne paie pas tout ce qu'il nous doit, il nous a manqué 14 millions l'année dernière.
Nous avons 40 millions de ressources propres. Parmi celles-ci, la quête nationale plafonne à 4 millions. Nous avons aussi de grands partenariats, notamment avec La Poste : le timbre nous rapporte 3 millions. Les dons et legs nous apportent 8 à 10 millions, ce qui est à la fois beaucoup et pas du tout assez, et qu'on peut comparer aux 30 millions reçus par la Conférence des évêques de l'Église catholique. Nous pratiquons les appels à dons et les mailings sur des projets particuliers. Nous avons également diverses activités génératrices de revenus : lorsque nous faisons des postes de secours, ils sont payés par les municipalités ou les associations organisatrices.
A ces 40 millions, s'ajoutent 60 millions de cofinancements extrêmement variés. Les services déconcentrés de l'État apportent leur participation, par exemple, pour la réalisation de centres d'hébergement d'urgence. Il existe aussi des opérations de mécénat : j'ai ainsi signé avec Nestlé un contrat de mécénat pour la création d'espaces « Bébé Maman », centres d'accueil des mamans en situation de précarité destinés à les aider à élever leur bébé ; nous sommes en train de nouer un partenariat avec Danone sur la nutrition ; nous en avons un avec la Française des jeux pour l'opération de fin d'année « Tous en fête ». Nous avons également des partenariats plus solides, notamment au niveau international : au Gabon, Total nous paie le fonctionnement de deux unités de lutte contre le sida, et en échange nous soignons ses salariés ; un accord similaire a été conclu au Congo.
Bref, les ressources sont diverses, mais nous n'avons pas de budget pérenne sur lequel fonder sereinement un plan d'action.
Pour répondre à votre deuxième question, nous sommes dans des pays où, souvent, on nous a demandé de rester après des catastrophes. La répartition entre les sociétés nationales se fait selon les zones d'influence, et particulièrement en fonction de la langue : en Amérique centrale, c'est surtout la Croix-Rouge espagnole qui intervient ; en Afrique francophone, la Croix-Rouge française a une priorité, qu'elle partage néanmoins avec ses homologues suisse, belge et canadienne. Cela ne nous empêche pas d'être présents au Yémen, par exemple, pour les programmes d'assainissement et d'alimentation en eau potable. D'une façon générale, nous intervenons là où nous pensons pouvoir être le plus efficaces.