J'abonde dans le sens de Soline Gravouil. Selon la CNAF elle-même, les crèches gérées par les entreprises de crèches affichent un taux d'occupation compris entre 85 et 90 %, alors que celui des crèches associatives et municipales tourne autour de 70 %. Gagner ne serait-ce que 10 points de taux d'occupation dans l'ensemble des crèches en France reviendrait à créer, sans structure supplémentaire, entre 25 000 et 30 000 places soit le nombre total de places créées depuis cinq ans. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles la CNAF soutient nos efforts.
Certes, beaucoup d'efforts sont faits, comme le crédit d'impôt famille, pour développer des modes de garde collective, aussi bien dans les municipalités que dans les entreprises. Cependant, madame la rapporteure, si l'on voulait réellement assurer la résorption des déficits en termes de places, il faudrait une volonté politique forte et des moyens considérables, à l'image du plan dont la France s'est dotée dans les années 1970 pour construire des collèges.
Il ne faut pas se leurrer : on ne suit pas cette tendance aujourd'hui, malgré ce qu'on entend dire ici ou là. Nous, entreprises de crèches, ne le déplorons pas car nous sommes conscients que des efforts sont faits, que l'argent, surtout public, est rare et qu'il y a un contexte favorable.
Néanmoins, pour résorber le manque de places, il faudrait non seulement des moyens financiers, mais aussi lever de gros blocages en termes d'urbanisme et de personnel d'encadrement. Si demain, par un coup de baguette magique ou une profusion d'argent public, on voulait créer ne serait-ce que 30 000 places de crèches supplémentaires, ce serait tout simplement impossible à cause du manque de personnel d'encadrement, en particulier des auxiliaires de puériculture, aujourd'hui en nombre très limité, particulièrement en région parisienne. Alors que la formation de ces personnels est financée à 100 % par le privé – les écoles de puériculture sont privées et ne coûtent rien au public –, les autorités compétentes que sont les régions imposent un frein, une sorte de numerus clausus, à l'ouverture de ces écoles.
Le ministère de la famille réfléchit actuellement à la possibilité d'employer des personnels moins qualifiés, sous conditions d'expérience. Mais il faudra un engagement politique fort, qui fait aujourd'hui malheureusement défaut, car les moyens financiers ne suffisent pas.