Mes chers collègues, je souhaite, avant de commencer nos premières auditions, procéder à quelques rappels essentiels.
Cette Mission d'information n'a pas à décider a priori de ses conclusions et la question de savoir s'il faut légiférer ou non n'est surtout pas un préalable.
Je tiens, par ailleurs, à présider cette Mission d'information dans le même esprit que l'a été la mission conduite par M. Bernard Stasi en 2003, c'est-à-dire en formulant des préconisations qui soient le plus largement partagées. L'objectif est de réaliser un état des lieux sur le port du voile intégral et sur ce qu'il représente, et d'aborder, au-delà de la question de la sécurité publique, celle de la femme dans la société française. Cette approche qui établit un lien entre féminité et laïcité me paraît beaucoup plus pertinente.
Nous voulons permettre à un islam apaisé, respectueux des principes de la République et donc de la laïcité, de trouver sa place dans notre pays et de faire ainsi reculer, au-delà de la question du voile intégral, l'emprise des fondamentalistes sur la société civile dans certains territoires, qui s'exerce en particulier sur les femmes, souvent jeunes, voire sur des adolescentes.
Empreints nous-mêmes de cet état d'esprit républicain, nous ferons en sorte que tous les responsables politiques sortent de l'indifférence, voire de l'aveuglement, sans pour autant nous départir d'une certaine modestie. Ces trois dernières semaines l'ont montré, ce sujet provoque un malaise dans la société française, et s'il est donc très important de s'en saisir, cela ne doit pas signifier pour autant que nous « jouions les matamores » en imposant a priori telle ou telle solution. Nos compatriotes doivent savoir que nous souhaitons le meilleur « vivre ensemble » possible, sur la base des principes qui fondent notre République.
Pour éclairer notre travail, je vous ai fait remettre le rapport de la commission de réflexion sur l'application du principe de laïcité dans la République, dit « rapport Stasi », dont une partie traite des « menaces sur les libertés individuelles », en dénonçant « une grave régression de la situation des jeunes femmes ».