Si le futur gouvernement israélien adopte une politique de gestion du conflit et d'isolement du Hamas, cela contribuera naturellement à figer la situation. Il en résultera un statu quo, avec sans doute quelques évolutions, mais sans grand changement par rapport à ce que nous connaissons depuis 2007. Or, le statu quo peut être à l'origine de la violence, comme l'a montré la guerre de janvier dernier. D'où la nécessité d'une action diplomatique.
Il reste qu'il faut également tenir compte du contexte : un sommet prématuré peut causer plus de torts sur le long terme qu'un sommet certes plus tardif, mais mieux préparé. Je pense notamment au sommet de Camp David en 2000 : cette conférence était sans doute utile du point de vue américain, mais elle est intervenue trop tôt, et son échec a certainement précipité le retour de la violence. Il est vrai qu'on peut toujours organiser une réunion ne durant qu'une seule journée, à l'image de la conférence d'Annapolis, mais cela ne présente guère d'intérêt.
Mieux vaudrait travailler à la mise en oeuvre des principes de la feuille de route. Je rappelle en effet que nous n'avons effectué que la moitié du chemin : nous avons demandé à l'Autorité palestinienne – laquelle a fait ce qu'elle pouvait – de reconstruire ses institutions et d'adopter une plus grande transparence budgétaire et financière, mais rien n'a été entrepris en ce qui concerne le gel des colonies, hormis le démantèlement de quelques implantations sauvages, généralement reconstruites au bout de quelques mois.
J'en viens à la question de l'Iran, qui fait l'objet d'un large consensus au sein de la classe politique israélienne : il existe une opposition claire et nette à la détention de l'arme nucléaire par cet État. Cela dit, que peut faire Israël ? Son futur gouvernement va sans doute privilégier le renforcement des sanctions autant qu'il est possible, les Israéliens considérant que cette politique a produit des effets positifs. Mais il faudra également qu'Israël laisse une chance à l'administration américaine de faire aboutir le dialogue qu'elle envisage aujourd'hui. Dans ces conditions, j'imagine mal qu'une opération militaire ait lieu dans les mois à venir.
J'ajoute qu'une telle intervention ne serait pas facile à réaliser compte tenu de la dissémination des sites en Iran. Israël pourrait certes se contenter de frapper un nombre limité de cibles, mais il faut tenir compte de la riposte iranienne. Et je le répète : une action militaire ne me semble envisageable qu'après un éventuel échec de la politique d'ouverture des États-Unis.