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Intervention de Morgan Tsvangiraï

Réunion du 25 juin 2009 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Morgan Tsvangiraï, Premier ministre du Zimbabwe :

J'éprouve un grand plaisir à me trouver à nouveau parmi vous. La première fois que vous m'avez invité à m'exprimer, c'était en ma qualité de chef du Movement for democratic change - le MDC. Aujourd'hui, je prends la parole comme représentant du gouvernement d'union nationale du Zimbabwe qui a été formé il y a quatre mois au terme de très longues négociations et dont l'autorité n'a depuis cessé de se renforcer, car des progrès ont déjà été réalisés dans de nombreux domaines : les écoles et les hôpitaux ont été rouverts, les produits de première nécessité sont à nouveau disponibles et, d'une manière générale, l'économie va mieux.

Bien que, pour ce qui concerne la démocratisation, objectif clef, l'Accord politique de partage du pouvoir comporte des insuffisances, le processus de réforme constitutionnelle sera lancé la semaine prochaine. Nous entendons aussi réformer le droit des medias, installer une commission de lutte contre la corruption, une commission chargée des droits de l'homme et une commission électorale.

Nous avons l'intention de concéder des licences d'exploitation à des medias locaux et étrangers et de distribuer des visas aux correspondants étrangers, ce qui renforcera la pluralité d'opinions. Nous entendons professionnaliser les forces de maintien de l'ordre en les formant à la tolérance et au respect des droits de l'homme. Nous comptons aussi installer une institution chargée de promouvoir l'indispensable réconciliation nationale.

La dollarisation de l'économie nous a permis de maîtriser l'hyperinflation, et l'inflation s'établit maintenant à 3 %. Le problème est qu'actuellement la population n'a pas les moyens d'acheter des dollars américains ; mais, à moyen et long terme, nous ferons face aux problèmes de trésorerie. Nous avons par ailleurs engagé la réforme de la Banque centrale.

Enfin, nous voulons garantir qu'une justice équitable est rendue en assurant le bon fonctionnement de notre système judiciaire.

La composition de l'exécutif zimbabwéen reflète une expérience hors du commun. Sachant que le président Mugabe et moi-même étions, depuis bien longtemps, des ennemis jurés, on a pu se demander comment un tel antagonisme pourrait être surmonté. Or le gouvernement d'union nationale fonctionne, car nous entretenons une relation que je qualifierais volontiers de relation d'affaires : nous devons, ensemble, mener à son terme le programme du gouvernement. A cette fin, nous nous rencontrons chaque lundi, et j'ai pris la charge de l'application de toutes les décisions. C'est, à maints égards, une situation extraordinaire, mais la confiance s'installe progressivement et, au-delà de nos divergences, le même sentiment d'avoir à remplir un devoir national nous incite à laisser au passé ce qui lui appartient. L'exécutif étant formé par le président de la République, le Premier ministre et le gouvernement, toutes les décisions doivent être prises par consensus, ce qui nous contraint, aussi difficile que ce soit, à surmonter nos divergences. Elles persistent mais nous nous respectons et la coexistence est possible.

Il en résulte que le Zimbabwe change : le pays est maintenant dans une phase de transition irréversible et la réforme constitutionnelle permettra la tenue d'élections libres et équitables. Telle est notre feuille de route.

Notre économie, délabrée, doit être entièrement relancée. Il nous faut en particulier faire repartir le tourisme en restaurant l'image de notre pays. Je remercie le Gouvernement et le peuple français pour l'aide humanitaire qu'ils nous ont apportée quand notre peuple souffrait du choléra et de la famine. À présent, nous avons besoin d'une aide d'un nouveau genre, celle qui nous permettra de renforcer l'autorité du Gouvernement pendant la période de transition, afin que le peuple du Zimbabwe ait confiance dans le changement.

Comme c'est le cas dans toute coalition, des problèmes de personnes et de choix idéologiques se posent mais, sur le fond, le consensus est suffisant pour que le processus de démocratisation aboutisse.

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