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Intervention de Patrick Artus

Réunion du 3 juin 2008 à 17h15
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Patrick Artus :

Je suis un peu plus pessimiste. Plusieurs facteurs contribuent à dégrader la situation des salariés : le besoin pour les entreprises de maintenir leur rentabilité et leur compétitivité, l'absence de marge de manoeuvre budgétaire, le renchérissement du coût du crédit et la fin de l'argent facile… Les secteurs jusqu'ici tirés par le crédit, comme la construction, vont ralentir. Il ne faudrait pas entrer dans le jeu d'une guerre de partage de la valeur ajoutée entre les salariés et les entreprises. Malheureusement, il vaudrait mieux accepter, dans un premier temps, des baisses de pouvoir d'achat.

Pour faire face au prélèvement sur notre pouvoir d'achat collectif, la seule parade positive consiste à vendre le plus possible à ceux qui nous « ponctionnent ». La difficulté tient aujourd'hui à ce que le taux de dépense des revenus pétroliers oscille entre 50 % et 60 %. Mais, dans tous les pays pétroliers, d'énormes programmes d'infrastructures publiques ont été engagés : Algérie, Arabie Saoudite, et autres. Il y a beaucoup à faire et il faut aider nos entreprises à prendre pied sur ces marchés. C'est ce que je ferais si j'étais ministre des Finances, et cela doit se faire sans doute.

Je travaillerais aussi à faire grossir les PME. Le CAE s'est rendu compte que les PME étaient trop petites pour faire de la recherche. Ensuite, qu'elles étaient trop petites pour embaucher. Après sept ans d'existence, la taille moyenne d'une entreprise, quand elle n'a pas disparu, est exactement la même qu'à sa création. Si vous pensez aux deux types qui ont créé Google dans un garage, eh bien, si le garage avait été en France, ils y seraient toujours ! À l'export, la taille des PME est aussi un obstacle. Il faut se demander pourquoi et tirer les ficelles de la fiscalité, des charges, du financement des PME, des seuils sociaux, peut-être de l'ISF. Nous sommes le pays de l'OCDE où les PME grandissent le moins. Pour le CAE, nous suivons un échantillon de 50 000 PME et 30 000 d'entre elles ont un taux croissance annuel moyen de 0 %. Évidemment, elles n'embaucheront jamais, ni ne feront de recherche, ni n'exporteront. Et, sur les 10 % que nous avons identifiées comme gazelles, 90 % se sont révélées être des filiales de grands groupes. Autrement dit, les seules PME qui grandissent, ce sont celles qui correspondent à l'externalisation des activités des grands groupes. Il faut comprendre pourquoi, sinon, rien ne se passera.

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