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Intervention de Patrick Artus

Réunion du 3 juin 2008 à 17h15
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Patrick Artus :

Ramené aux seuls marchés financiers – émissions internationales d'obligations, marchés dérivés,… – l'euro, c'est à peu près la même chose que le dollar. Aussi peut-on supposer que l'asymptote sera de 50 % d'euros dans les réserves de change des banques centrales. Nous sommes donc loin du point d'équilibre.

Aujourd'hui, nous sommes dans la pire des configurations pour une banque centrale : celle d'une inflation qui ne crée pas de croissance. Mais il ne faut pas exagérer l'horreur de la chose. Nous en sommes à 3,6 % d'inflation, mais elle va baisser parce que, pour l'instant, dans la zone euro, les salaires ne s'indexent pas sur les prix. L'effet est double : le pouvoir d'achat des salariés baisse, mais l'inflation reste modérée. Si les salaires augmentent, les entreprises répercuteront et l'inflation reprendra. Le dilemme est de sacrifier soit la consommation pour limiter la hausse des prix et contenir la hausse des taux, soit les profits des entreprises avec pour corollaire la hausse des taux d'intérêt. Il vaut sans doute mieux que les salaires n'augmentent pas, même si c'est désagréable. Sinon, on retrouvera la stagflation des années 1970 caractérisée par une forte inflation et une remontée des taux d'intérêt qui pèsera pendant des années.

S'agissant du commerce extérieur, les coûts de production jouent un rôle dans les performances respectives de l'Allemagne et de la France, mais l'essentiel ne vient pas de là, ni de la structure par produit, de la part des biens d'équipement notamment. La France perd des parts de marché, quel que soit le produit. Le problème, c'est vraiment l'adéquation de l'offre à la demande. L'Allemagne a énormément amélioré sa compétitivité-coût depuis 2005, mais elle n'est pas moins chère que la France aujourd'hui. Comparons les exportations vers l'Europe centrale et la Chine : celles de l'Allemagne suivent ses importations en provenance de ces deux zones et décollent à partir de 2002 ; celles de la France restent au même niveau. Ce décrochage est lié, non pas au coût, mais à une incapacité à vendre les biens dont ont besoin l'Europe centrale et la Chine.

Les PME sont un facteur déterminant. L'Allemagne compte cinq fois plus de PME exportatrices que la France. Elles sont plus grosses, ce qui a un impact considérable sur les flux de marchandises.

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