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Intervention de Paul Durning

Réunion du 17 mars 2009 à 16h00
Mission d’évaluation de la politique de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes

Paul Durning :

Le recours au concept de « corruption » développé par les anglo-saxons comme une des formes de violence psychologique, renvoie à l'idée d'apprentissage du rôle d'agresseur ou de victime, ce qui favorise incontestablement la reproduction intergénérationnelle, même si elle n'est ni complète ni systématique.

Il a été démontré outre-Atlantique, que les enfants ayant subi des punitions physiques sévères après l'âge de sept ou huit ans deviennent plus souvent auteurs ou victimes de violences conjugales. Cela est un argument employé pour contester les punitions physiques.

J'ignore le pourcentage de femmes violentes. Les violences physiques sont plus fréquemment le fait des femmes – qui consacrent beaucoup plus de temps à l'éducation de leurs enfants –, surtout dans les situations de violences conjugales. Leur mal-être peut les conduire à avoir un comportement qu'elles regretteront quelques instants après. Les hommes exercent néanmoins des violences plus fortes et des violences sexuelles plus nombreuses.

Les garçons sont davantage victimes de violences physiques que les filles. Les filles sont davantage victimes de violences sexuelles que les garçons.

Je pose comme postulat que rien ne justifie de laisser des enfants subir des violences. Malgré tout, même si l'homme a été violent, maintenir un lien psychologique avec son enfant conserve tout son sens pour celui-ci. Si l'enfant est placé dans un environnement sain mais s'il ne voit plus son père, il peut se juger responsable de la situation, regarder son père comme une victime et ne pas aller bien. La prise en compte du point de vue psychique affectif profond de l'enfant, après travail avec un professionnel, est essentielle pour qu'il puisse se développer dans son nouvel environnement.

Certaines approches thérapeutiques, surtout au Québec, mettent l'accent sur la nécessité d'aider l'enfant à clarifier son point de vue et à penser à lui, par exemple à travers l'apprentissage de signaux selon lesquels la situation va devenir violente. L'enfant peut alors appeler des secours ou se mettre en sécurité ; c'est le fameux coping. Une approche similaire peut être utilisée pour les interactions entre le parent violent et l'enfant : l'enfant doit être aidé à mieux percevoir les situations violentes et du coup à élaborer des stratégies les mieux adaptées pour lui. Des protocoles d'intervention existent ; ils méritent d'être expérimentés, validés, confrontés et enrichis pour aider les enfants, et cela que l'on décide de maintenir les liens avec le parent violent ou de les couper. Les anglais, à une époque, ont favorisé les adoptions rapides d'enfants maltraités ; ils sont aujourd'hui revenus à un système de placement de l'enfant dans un milieu sécurisé et de possibilité de maintien des liens avec la famille d'origine.

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