Notre travail ne prétend pas à l'exhaustivité car c'est un rapport d'évaluation sur la stratégie présentée en mai 2007 par le Gouvernement, et nous ne sommes donc pas sortis du champ du rapport gouvernemental. Cela dit, notre rapport, dont nous venons de vous présenter les grandes lignes, répond à bien des questions. Il traite en particulier des énergies marines, sujet également important ; à l'usine marémotrice de la Rance, on mesure ce que peut être la dépense d'un pilote : initialement, cette usine n'était que l'amorce d'un projet extrêmement ambitieux dans la baie du Mont-Saint-Michel.
Un effort budgétaire pour financer des démonstrateurs serait nécessaire, Jean-Yves Le Déaut a eu raison de le souligner. Nous n'avons pas chez nous d'installation de l'envergure de celle, par exemple, que nous avons visitée à Sandia, au Nouveau-Mexique, consacrée à l'énergie solaire.
Les critiques se concentrent sur le fait qu'en matière de recherche énergétique, tous nos moyens vont au nucléaire. A cet égard, nous suggérons dans notre rapport un rééquilibrage de l'effort et le développement des recherches sur les énergies nouvelles.
En ce qui concerne Bure, que je connais bien puisque je préside la commission locale d'information sur le centre de recherche souterrain sur les déchets nucléaires, Jean-Yves Le Déaut a évoqué le projet de recherche sur le biodiesel. Cette installation était prévue, selon le voeu pressant de Claude Birraux et moi-même, pour valoriser le tissu industriel d'une région qui a accepté de s'engager dans la recherche sur les déchets nucléaires et qui, en outre, est en déclin. Nous nous sommes tournés vers les industriels de l'énergie – AREVA, EDF, CEA – pour qu'ils concrétisent sur le terrain leur effort mais pour le moment, le centre est loin d'avoir la dimension qu'on pourrait attendre. On peut en déduire que les industriels n'ont pas envie d'investir dans une recherche sortant de leur champ de compétence habituel, à savoir le nucléaire.
Pour répondre à François Brottes, pour ma part je pense que le pilotage politique manque en effet. On ne peut pas se reposer uniquement sur l'initiative des laboratoires ou des industries. Au Japon, au contraire, un dirigisme très fort s'exerce sur la recherche énergétique : le gouvernement joue véritablement le rôle de coordonnateur. Sans doute pourrions-nous nous inspirer un peu de cet exemple.