Merci de renouveler cette utile expérience consistant à entendre les rapporteurs de l'Office lorsque leurs travaux portent sur des sujets qui intéressent également la Commission. J'en suis d'autant plus heureux que cela me permet de renouer avec une commission dont j'ai été membre pendant 29 ans !
Notre évaluation concerne un domaine en pleine restructuration institutionnelle, l'organisation de la recherche en matière d'énergie étant directement concernée par l'effort de mobilisation décidé lors du « Grenelle de l'environnement ». Notre mission s'est, en fait, trouvée positionnée à la confluence de deux « vagues » d'intérêt pour l'énergie : la France a connu une première réflexion collective, ouverte en janvier 2003 avec le débat national sur les énergies et achevée avec la publication du rapport sur le « facteur 4 » en août 2006, qui s'est traduite par l'adoption de la loi de programme du 13 juillet 2005 ; c'est de celle-ci que procède notre mission. Plutôt que de nous en tenir à une simple lecture critique du rapport de mai 2007, nous avons néanmoins choisi de prendre en compte l'apport de la deuxième vague, celle du « Grenelle de l'environnement » – qui a débuté en juillet 2007.
Notre premier constat est relatif au développement des systèmes énergétiques, qui est en effet d'une grande lenteur. Dans ce domaine de recherche, toute impulsion politique met beaucoup de temps à produire un impact car la concrétisation scientifique d'une idée, puis sa transformation en solution technique, en procédé industrialisable et enfin en produit commercial constituent un processus fort long. Le temps se comptant en décennies, et non pas en années comme c'est par exemple le cas en matière de communications électroniques, qui bénéficient d'un cycle « du concept au marché » beaucoup plus court, il est difficile pour la recherche en matière d'énergie de faire valoir ses efforts. Il est plus rapide de diffuser le dernier modèle de téléphone portable que d'améliorer l'isolation du parc immobilier ou de généraliser les véhicules électriques.
Second constat : la communauté de la recherche nous a laissé une impression extrêmement favorable. De nos échanges avec les organismes publics – Commissariat à l'énergie atomique (CEA), Institut français du pétrole (IFP), CNRS – comme avec les entreprises – EDF, Areva, Saint-Gobain, Saft –, il ressort qu'il existe aujourd'hui une forte volonté d'aller de l'avant et de s'adapter aux évolutions technologiques. Je pense notamment aux progrès réalisés au cours des quinze dernières années dans le domaine des batteries rechargeables et des véhicules hybrides.
Les préoccupations exprimées à l'occasion du « Grenelle de l'environnement » ont ainsi pu être rapidement relayées par la recherche, comme en témoigne le déploiement de démonstrateurs dans le domaine clef des biocarburants. L'effort pour développer des solutions utilisant les énergies renouvelables et réduisant les émissions de gaz à effet de serre, notamment le gaz carbonique, était cependant lancé depuis longtemps ; le « Grenelle de l'environnement », qui s'est notamment traduit par la décision du Président de la République d'accroître le soutien budgétaire apporté à la recherche sur l'énergie et le climat, n'a fait qu'accélérer un mouvement déjà bien engagé.