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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 25 mars 2008 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

, a rappelé que la situation actuelle ne faisait pas partie des solutions initialement souhaitées, dont aucune ne s'était finalement révélée applicable. Le germe de l'affirmation d'un nationalisme kosovar était présent depuis longtemps, dès la suppression par Slobodan Milosevic de l'autonomie régionale du Kosovo, accordée par Tito et suivie par l'adoption de mesures discriminatoires et vexatoires à l'encontre de la minorité albanophone.

La déclaration unilatérale d'indépendance n'a pu qu'être constatée. Les efforts menés au sein du groupe de contact, entrepris deux ans avant le sommet de Rambouillet et qui comprenait les Etats-Unis, la Russie, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, n'ont pas eu les résultats attendus. De la même manière, le processus prévu par la résolution 1244 n'a pas permis de lever les principales difficultés. Ce dernier s'inscrivait pourtant dans une approche large de la question du Kosovo, puisqu'il impliquait la présence de l'UNMIK, en plus de la KFOR, mais également la prise en considération du statut final à réserver au Kosovo par la mission dite Ahtisaari, qui s'est étendue sur seize mois. La demande française, visant à accorder six mois de plus à cette mission, a été partiellement entendue, mais les quatre mois supplémentaires n'ont pas suffi. La situation telle qu'elle résultait de ces échecs successifs n'était pas tenable. Il convenait en effet de ne pas reproduire la crise chypriote, qui a abouti à près de vingt-cinq ans de présence des casques bleus.

La reconnaissance du Kosovo par la France ne doit pas être vue comme portant atteinte aux liens existant entre la Serbie et la France. Le ministre a ainsi indiqué être cosignataire, avec Carl Biletd, ancien représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies dans la région, d'une lettre adressée aux autorités serbes rappelant, entre autres, l'amitié existant entre la France et la Serbie.

De plus, l'élection récente de M. Tadic pour occuper le poste de président de la République confirme l'avenir européen de la Serbie, largement revendiqué par la jeunesse serbe. La position de l'Union européenne pourrait également évoluer. Pour l'heure, cependant, deux Etats-membres, la Belgique et les Pays-Bas, se sont opposés à la conclusion d'un accord de stabilisation et d'association (ASA) qui constitue l'étape préalable à la candidature pour entrer dans l'Union européenne, du fait que Ratko Mladic et Radovan Karadzic n'ont pas encore été arrêtés.

Une fois l'indépendance reconnue, restait à éviter que les réactions serbes ne prennent trop d'ampleur. Ces dernières ont finalement eu lieu la semaine dernière, en prenant pour cible, comme cela était prévisible, le tribunal des Nations Unies situé à Mitrovica. Le bilan de ces événements est important, puisque plusieurs soldats, notamment français, ont été blessés, et un policier ukrainien a été tué.

Des tensions persistent, à la fois aux frontières, reconnues aujourd'hui par plus de trente pays, mais également au sein même du territoire kosovar. Dans la région située au nord de Mitrovica, peuplée de Serbes, à l'exception seulement de trois communes qui sont mixtes, il convient d'éviter toute provocation. En revanche, les frontières extérieures doivent être respectées.

Au-delà des incidents de Mitrovica, qui pourraient ne pas être isolés et appellent une réponse ferme, une politique de main tendue doit être menée vis-à-vis de la Serbie, consistant à saisir toutes les opportunités de dialogue avec ce pays. Il faut s'efforcer, à l'avenir, de favoriser une approche commune des problèmes locaux, comme ce fut le cas au sein des autorités locales intérimaires, aidées dans leurs tâches par l'ONU.

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