Enfin, aussi intéressantes que puissent paraître les mesures transcrites, elles ne nous semblent pas à la hauteur des difficultés persistantes que connaît notre marché du travail : la pénurie de main d'oeuvre qualifiée dans certains secteurs, les difficultés d'insertion professionnelle durable des jeunes, le faible taux d'activité des seniors ou l'explosion du temps partiel subi, notamment pour les publics féminins.
Autant de difficultés, voire de dysfonctionnements du marché du travail qui se traduisent par une précarisation et une paupérisation accrues d'un grand nombre de salariés et par ce qui devient le grand problème de la question du chômage dans notre pays : l'augmentation du nombre croissant de travailleurs pauvres. Or, monsieur le ministre, je ne vois pas dans ce projet de loi de véritable réponse à la précarité qui ronge notre modèle social. En ce sens, le texte n'est pas tout à fait à la hauteur de l'accord.
Votre modernisation ressemble finalement plus à un alignement sur le modèle anglo-saxon qu'à la construction d'une véritable « flexisécurité » à la danoise. Vous avez pourtant dans cet accord les éléments pour bâtir collectivement une véritable sécurisation des parcours professionnels, que nous appelons de nos voeux, avec notamment l'article 14 sur la transférabilité des droits. Pourquoi dès lors faites-vous preuve d'une telle obstination à tronçonner les négociations et, de surcroît, à les éclater entre plusieurs ministères ?