Quant au projet de loi portant modernisation du marché du travail, dont nous entamons l'examen, il devrait permettre à la majorité de se retrouver, tant la flexibilité fait consensus, tant les bienfaits qu'on lui attribue ne sont pas discutés.
Les fluctuations des marchés et la compétitivité commandent de brûler le code du travail ou, pour le moins, d'adapter les règles, de limiter la place de la loi en matière sociale, afin de privilégier les garanties individuelles et collectives conventionnelles, en préservant de préférence et prioritairement les intérêts des mêmes, beaucoup plus accessoirement celui de l'emploi : la recette est vieille comme le système capitaliste !
En 1986 déjà, le président du CNPF, M. Yvon Gattaz, avançait que la libéralisation du droit du licenciement et la suppression de l'autorisation administrative, permettrait la création de trois à quatre cent mille emplois avant 1987. Plus tard, le baron Ernest Antoine Seillière de Laborde, à la tête du MEDEF, a aussi usé de l'équation simple : « pouvoir licencier en toute sécurité, c'est pouvoir embaucher plus facilement », pour obtenir du gouvernement de droite la suppression des dispositions de la loi de modernisation sociale encadrant la procédure du licenciement économique.
Depuis le règne de Laurence Parisot, la précarité est présentée comme naturelle ; le lien de subordination est peu à peu gommé, et des concepts civilistes font leur entrée dans la sphère du travail. Aux yeux de l'opinion, les salariés sont à dessein présentés comme étant à égalité avec les employeurs, avec lesquels, de gré à gré, ils pourraient négocier leur temps de travail, l'échange de repos contre de l'argent ou leur licenciement. Bref, le vocabulaire change, les formes d'exploitation aussi.
Dans les entreprises, les salariés ont peut-être le sentiment que la lutte des places à remplacé la lutte des classes,…