Vous avez choisi de sacrifier l'agriculture biologique, l'agriculture de qualité, l'agriculture de terroir ou encore tous les labels et les AOC, qui rejettent les OGM et demandent simplement le droit d'exister.
Il est clair que vous avez fait le choix de favoriser l'agriculture mondialisée, l'agriculture banalisée, qui vise à imposer le même modèle à l'ensemble de la planète, la même nourriture, la même culture au profit de quelques-uns. Vous vous glorifiez de défendre la recherche. Il faudra nous expliquer en quoi la recherche d'une monoculture mondiale fondée sur des espèces identiques est favorable au développement de la connaissance et des hommes.
Mes chers collègues, ce choix est mauvais pour la France parce qu'il est un mauvais choix pour le monde. La plus-value que tire l'agriculture française qui nous permet d'exporter nos vins, nos fromages et l'ensemble de notre production agro-alimentaire de qualité ne vient pas de la culture des fast food d'outre-Atlantique, de la culture low cost que vous érigez désormais en alpha et oméga de toute votre politique.
Notre force agricole vient de l'intelligence de la culture paysanne, qui a su s'adapter aux conditions de vies, à des sols différents, à des climats diversifiés. C'est cette intelligence, fondée aussi sur le respect de la vie, qui nous a permis d'offrir des produits figurant parmi les meilleurs du monde. Erik Orsenna, au début de son Voyage au pays du coton explique bien cette tradition : « Chaque matière première est un univers, avec sa mythologie, sa langue, ses guerres, ses villes, ses habitants : les bons, les méchants et les hauts en couleurs. »
Monsieur le ministre d'État, votre choix est mauvais pour l'Europe. Contrairement à ce que nous entendons, l'Europe n'est pas en retard sur les OGM. Elle est au contraire en avance sur les filières non-OGM. Avec les OGM, l'Europe a un formidable levier entre les mains pour peser sur les négociations internationales.
Oui, il faut reposer la question des accords de Blair House qui ont signé l'abandon des cultures de protéagineux. Dans leur grande majorité, les 450 millions d'Européens ne veulent pas d'OGM ni dans leurs champs ni dans leurs assiettes. De la même façon, l'Europe doit être capable de dire qu'elle ne veut pas de maïs ou de soja OGM pour nourrir ses animaux. D'ailleurs, à l'inverse, pensez-vous un seul instant que nous pourrions imposer des produits OGM aux Américains s'ils n'en voulaient pas ?