Madame la ministre de l'intérieur, quel bilan faites-vous de l'opération de police réalisée dans la cité des Beaudottes, à Sevran, le 23 avril dernier ? Au vu de ses résultats, on peut parler de fiasco total. Quel a été le rôle joué par les services de renseignement et comment vos services se sont-ils coordonnés avec la justice dans cette intervention ? La recherche du flagrant délit était un échec annoncé : 350 policiers étaient stationnés, avec leurs véhicules, avant le déclenchement de l'opération à dix-huit heures, sur un parking public, ce qui n'était guère discret.
Dans cette ville de ma circonscription, les habitants de plusieurs quartiers vivent en permanence dans l'angoisse, les humiliations, quand ce n'est pas la terreur, imposées par les trafiquants.
Sevran n'est pas un cas isolé en Île-de-France. L'affichage sécuritaire proclamé par le Président et le Gouvernement ne masque plus votre impuissance dans la lutte contre les réseaux mafieux. Quant à la réponse sociale et urbaine attendue par ces territoires défavorisés et abandonnés par un État qui n'assume plus ses missions régaliennes, elle est tout simplement ignorée.
Sevran, pauvre parmi les villes pauvres, ne peut obtenir le droit de restructurer sa gare des Beaudottes, seule gare souterraine en banlieue, alors que celle-ci est anxiogène et concentre 60 % des délits constatés sur la ligne B du RER.
Comble de cynisme, vos services réclament à cette commune l'argent d'un immeuble de police qu'elle avait elle-même cédé il y a vingt ans pour un franc symbolique. Ce serait, paraît-il, la condition exigée pour la construction du futur commissariat. Vous avez dit justice ? Nous sommes en pleine iniquité. Les citoyens sont las, madame, de constater que l'État n'assume plus ses missions régaliennes ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)