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Intervention de Marie-Odile Bouillé

Réunion du 16 novembre 2007 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2008 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Odile Bouillé :

On a peine à croire que l'on parviendra à réaliser la mise en place de la gratuité des musées et des monuments pour les jeunes, sauf à faire reporter le coût de cette mesure sur les collectivités locales. Ce ne serait pas la première fois que pareille méthode serait utilisée.

Cette baisse se répercute directement sur les trois grands axes du ministère : la gestion du patrimoine, le spectacle vivant et l'éducation artistique.

La sauvegarde du patrimoine monumental et archéologique connaît une situation catastrophique, au regard des baisses, amputations et gels de crédits engagés depuis 2002. Or ce patrimoine participe à l'attractivité de notre pays, plus particulièrement pour les touristes étrangers. Le secteur de la restauration patrimoniale est un vivier d'emplois à la fois qualifiés et non délocalisables. La stagnation, voire la baisse, dans ce secteur est une erreur qui nous inquiète, ainsi que les professionnels de cette filière.

Quant au soutien à la création, à la production et à la diffusion du spectacle vivant, vous parlez de « consolidation du budget ». Joli mot pour nous faire comprendre qu'il n'y a aucune augmentation, alors que ce devrait être une priorité du ministère de la culture ! Une offre culturelle variée, renouvelée, et sachant prendre des risques : voilà bien le moteur de la démocratisation de la culture. C'est l'offre de qualité qui crée la demande, monsieur le ministre, et non l'inverse. Aider seulement les créations qui répondent aux attentes du public, comme le demande le Président de la République, c'est le contraire précisément de toute vocation culturelle. C'est, là encore, une ambition de comptable, non celle d'un vrai ministère de la culture.

Il faut avoir confiance dans les professionnels en les soutenant, plutôt que de s'en méfier et de vouloir les transformer en simples promoteurs de la téléréalité, au prétexte que celle-ci répond si bien aux attentes du public.

L'enseignement artistique n'est pas mieux doté : les aides en faveur des établissements d'enseignement spécialisé de la musique, de la danse et du théâtre qui relèvent des collectivités locales baissent de 2 millions d'euros.

Quant aux actions qui favorisent l'accès à la culture, il y a un certain cynisme à afficher de hautes prétentions dans ce domaine alors que vous nous proposez un budget en diminution. Rendez-vous compte : les crédits concernés baisseraient de 12 millions d'euros. Cela signifie le sacrifice des actions indispensables menées par les associations, les fédérations d'éducation populaire, et d'une manière générale, par tous les acteurs de terrain qui incitent les publics les plus éloignés de la culture à fréquenter les lieux de création, de diffusion et d'échange dans les zones rurales, les zones prioritaires, les cités, etc.

Monsieur le ministre, la démocratie culturelle est aussi importante pour former les citoyens de demain que la démocratie politique et sociale. Elle n'est pas, à l'évidence, une de vos priorités. Nous condamnons ce choix.

Mme la ministre de la culture nous a avoué en commission qu'elle devait agir dans le cadre d'un budget d'austérité, d'un budget contraint. Nous ne pouvons que porter cette franchise à son crédit. En revanche, notre groupe ne votera pas les crédits de la mission « Culture » que vous nous proposez parce qu'elle nécessite de l'ambition et une vision sur le long terme. Or vous ne nous proposez ni ligne de force, ni perspectives d'avenir. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

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