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Intervention de Charles de Courson

Réunion du 23 octobre 2008 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2009 — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCharles de Courson :

Mes chers collègues, la vie publique n'est pas, hélas ! à l'abri des phénomènes de mode : il y a deux ans, les biocarburants étaient à la mode ; aujourd'hui, ils ne le sont plus. Pourtant, les trois raisons fondamentales qui justifient le soutien apporté à leur développement existent toujours.

La première raison est d'ordre environnemental. Comment compte-t-on réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports en se passant des biocarburants, puisqu'il n'existe aucune alternative, en matière de carburant liquide, à court ou moyen terme ?

La deuxième raison est liée à la réduction de notre dépendance énergétique et à l'augmentation de la part d'énergies propres dans le bilan énergétique français. Seules deux sources d'énergie renouvelable – les biocarburants et, dans une moindre mesure, les éoliennes – nous permettent de gagner trois à quatre points dans le bilan énergétique français ; les autres demeurent marginales, au regard de l'engagement du Gouvernement.

La troisième raison est liée au développement de l'emploi. En effet, à chaque fois que l'on remplace une tonne de pétrole par du biocarburant, on favorise l'emploi national.

Par ailleurs, les deux grandes critiques adressées aux biocarburants, si elles sont vraies pour l'Amérique latine, voire l'Amérique du Nord, ne le sont pas pour l'Europe. Je m'explique.

Première critique : les biocarburants font flamber les prix des matières premières agricoles. C'est faux en ce qui concerne l'Europe. En effet, les prix de la betterave à sucre et de la canne à sucre, qui entrent dans la composition du bioéthanol, n'ont absolument pas augmenté ces deux dernières années. S'agissant du blé, si son prix a plus que doublé, ce n'est pas parce que le développement des biocarburants – qui consomment moins de 2 % de la production de blé française – a été encouragé, mais parce que les récoltes ont été mauvaises en 2007 – celles de cette année ont été bonnes, et les prix ont immédiatement baissé – et que les fonds spéculatifs ont quitté les marchés financiers pour celui des matières premières, contribuant ainsi également à l'augmentation du prix du baril du pétrole.

Quant au maïs, il n'existe, en Europe, pratiquement pas d'usine de production de biocarburants qui l'utilise. En France, la seule usine de ce type est en cours de construction à Pau ; elle n'est donc pas à l'origine de l'augmentation du prix du maïs. Toutefois, ce qui n'est pas vrai pour l'Europe l'est pour les États-Unis notamment, où le développement inconsidéré des unités de production de bioéthanol à base de maïs a provoqué une hausse de son prix.

Deuxième critique : l'efficacité environnementale des biocarburants ne serait pas satisfaisante. Là encore, c'est faux, l'ADEME l'a démontré.

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