Le démantèlement du droit du travail est un objectif poursuivi par certains avec un acharnement absolument insupportable. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Mon ami Michel Vergnier est à mes côtés. Il est comme moi originaire des quartiers populaires de Clermont-Ferrand, où se trouvent les usines Michelin. Je me souviens comment les ouvriers de Michelin se sont insurgés contre le fait qu'on les oblige à travailler le dimanche. Eh bien, l'entreprise Michelin a fait en sorte de suspendre son activité le dimanche !
Nous sommes, d'abord, devant une remise en cause du repos. On me dira que le repos hebdomadaire peut être pris le lundi. Peut-être, mais il y a quand même un rythme de vie à respecter.
J'entends souvent parler de la famille, de la nécessité d'élever les enfants, d'encourager la vie associative. Mais attendez ! Comment est-ce possible quand on travaille le dimanche ? À moins que vous ne souhaitiez faire travailler les enfants le dimanche dans les établissements scolaires. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Mais, si c'était le cas, il faudrait nous le dire. Cela signifierait qu'on remet en cause toute l'organisation de la cellule familiale.
Les enfants dont les parents travaillent le dimanche n'ont pas ce moment privilégié de réflexion, de discussion, de partage. Vous croyez que c'est la meilleure façon de faire vivre la famille ?
Pour ce qui est de la vie associative, j'ai été amené, en tant qu'éducateur de jeunes enfants, à travailler le dimanche. Par la même occasion, j'ai été privé de mon action associative. Je ne pouvais même plus participer aux matchs de football de mon équipe locale, qui jouait le dimanche. Je ne pouvais plus participer à la vie associative. Il en sera de même pour ceux qui travailleront le dimanche.
Vous nous dites, et à très juste titre, que la vie associative est le lien fort de l'intégration et de la mixité sociale. Mais ce lien, vous êtes en train de le mettre sérieusement à mal.
Et puis, si je peux me permettre un peu d'humour noir, monsieur le président, je vous confierai que j'ai écouté l'autre soir, sur une chaîne de télévision – qui n'était pas forcément la chaîne officielle, mais peu importe car on ne sait plus quelle chaîne n'est pas officielle aujourd'hui – un brave employé de chez Ikea qui était tout content : « Moi, je travaille le dimanche. Je gagne 233 % de plus », disait-il. Il faisait plus que Sarkozy, qui se contente de 144 %.