J'ai envie de surnommer l'amendement n° 75 l'amendement de « l'île de la Tentation » ! (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Il existe ainsi des « îlots commerciaux » souvent situés dans les grandes surfaces et animés par des personnes souriantes, dynamiques, parfois séduisantes – je parle bien sûr pour ces dames, séduites par tel ou tel jeune commercial, mais l'inverse peut être vrai. Pendant ce temps de la séduction, chacun joue son rôle, l'un vend et l'autre tend à acheter. Sont ainsi offertes, en quelque sorte, trois prestations en une.
D'abord, je décris mon produit, j'en fais l'article et donc j'arrive à convaincre qu'il présente moult intérêt pour celui qui est en passe de l'acheter même s'il n'y était pas forcément décidé. Ensuite, je signe la vente et donc je perçois une commission. Enfin, comme M. ou Mme Acheteur n'a pas les moyens d'acquérir le produit en question, je suis tout à fait disposé à lui vendre un crédit sans me montrer d'ailleurs très exigeant sur le niveau d'endettement ni sur les formalités à remplir. Tout se réalise sous les mêmes paillettes, dans le même lieu, avec le même sourire et dans un temps souvent assez bref. Il s'agissait donc bien d'une sorte d'îlot où la tentation était telle qu'on est passé très facilement de l'acte d'achat à la contractualisation d'un crédit.
Nous devons donc faire en sorte de séparer le temps de la décision d'achat et le lieu de mobilisation du crédit. L'acheteur bénéficierait ainsi d'un temps de réflexion, objet de l'amendement. Dès l'instant où la même personne propose les deux produits – le bien lui-même et le crédit –, le danger existe d'un emballement susceptible de favoriser le dérapage du surendettement.