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Intervention de Pierre Gosnat

Réunion du 16 novembre 2007 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2008 — Médias

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Gosnat :

Notre pays aurait aujourd'hui besoin d'un plan d'urgence et d'ampleur pour sauvegarder une presse écrite d'opinion, qui fut constitutive de notre République et de notre démocratie, mais qui disparaît au fil des ans. Les pouvoirs publics ne peuvent laisser nos quotidiens régionaux et nationaux tomber, les uns après les autres, sous la coupe de la seule logique du profit financier. Dernièrement, le rachat des Échos par M. Bernard Arnault, l'homme le plus riche de France, a confirmé la menace de la mainmise des milieux économiques sur la presse, sur la diffusion de l'information et son élaboration idéologique et culturelle. Ce rachat intervient alors que Libération est déjà détenu par le baron Rothschild, que Lagardère Médias contrôle de nombreux titres, et que Dassault, notre collègue avionneur et marchand de canons, est à la tête d'un empire de presse. Faudrait-il donc continuer à faire écho à la situation outre-Atlantique où, par exemple, M. Murdoch est devenu en quelques années un magnat de la presse disposant d'un pouvoir politique incontournable ? Est-ce ce que souhaitent les Français ? Je ne le crois pas, car je pense que l'indépendance des médias est une aspiration populaire, une obligation qui passe par la contribution nationale au redressement et à l'équilibre financier des journaux français d'opinion, constitutifs du pluralisme et de la démocratie.

Chers collègues, ne pensez-vous pas que notre société ait besoin de ce pluralisme, du « J'accuse » de Zola au « Non à la guerre » de Jaurès et, plus près de nous, du Figaro à l'Huma, dans cette confrontation idéologique, dans cette symbolique complicité entre Jean d'Ormesson et Louis Aragon ?

Malheureusement, combien de titres prestigieux ont disparu ? Cette presse-là est plus que jamais menacée. Pourtant, les crédits alloués dans le programme 180 sont très insuffisants pour répondre à l'exigence du maintien et du développement de la presse d'opinion, notamment face à la pression des journaux gratuits.

C'est pourquoi l'État doit mettre en oeuvre des politiques d'aide aux journaux d'opinion, par exemple en supprimant totalement la TVA à laquelle ils sont assujettis. Les politiques de défiscalisation doivent être complétées par la promotion des sociétés de lecteurs et par une aide accrue aux journaux dont les rentrées publicitaires sont faibles. Or le budget pour 2008 ne ralentira en rien la crise de la presse française, lourdement sinistrée.

Quant au programme 116, il est tout aussi contestable. Nous ne pouvons accepter que le Gouvernement alloue 70 millions d'euros à France 24, société anonyme détenue à 50 % par TF1. La France a, certes, besoin d'une grande chaîne internationale d'information, mais ce n'est pas une raison pour enrichir les actionnaires de TF1. Les contribuables n'ont pas à supporter les errements de la privatisation de l'information.

En conclusion, les députés du groupe GDR voteront contre ce budget. (Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)

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