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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 16 novembre 2007 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2008 — Médias

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Monsieur le président, permettez-moi, tout d'abord, de déplorer que Mme la ministre de la culture et de la communication ne soit pas présente. Quelles que soient les qualités éminentes de M. Woerth, la méthode de travail n'est pas bonne. Ce Gouvernement évoque en permanence la concertation et l'envie d'aller plus loin, mais nous ne lui délivrerons pas de bon point ce matin.

J'avais tellement entendu le mot « rupture » dans la bouche du Président de la République que je m'attendais à un budget qui décoiffe. Mme la ministre avait insisté sur sa volonté de moderniser le paysage audiovisuel et affiché la volonté de soutenir une télévision publique de qualité. On pouvait y croire, on aurait même pu en rêver.

Or ce budget reconduit, à l'identique, les grandes options prises l'année dernière et décline les mêmes lignes budgétaires. Nous ne sommes pas dans le changement, ni même dans une remise à plat, mais dans le suivisme, et ce budget en est manifestement un symbole.

En effet, on ne peut pas se contenter de réaffirmer la mission culturelle des chaînes publiques sans renforcer les moyens attribués. On ne peut parler de renouveau de ligne éditoriale – effort d'ailleurs engagé par France Télévisions –, sans encourager cette volonté.

La rupture, cela aurait pu être de déconnecter clairement l'offre audiovisuelle publique du secteur marchand, de renoncer aux recettes de publicité pour certaines plages horaires de grande écoute, ou encore d'augmenter la redevance – j'ai bien dit augmenter.

La continuité, c'est de laisser le service public, immobile et sans le sou, affronter un virage technologique alors qu'il connaît un sous-financement chronique ; la continuité, c'est de prévoir une réforme de la réglementation française en matière d'audiovisuel qui aura comme seul effet d'augmenter la valeur boursière de TF1, de M6 et de Canal Plus, alors que le service public est confronté à un véritable manque de moyens.

Dans un tel contexte, comment favoriser la création audiovisuelle française et européenne, la montée en puissance de France 4, la grille de soirée de France 5 ? Comment poursuivre la valorisation des programmes culturels à des heures d'écoute significatives, généraliser la politique du sous-titrage à destination du public malentendant, étendre la diffusion de la TNT, lancer des expérimentations pour la télévision mobile personnelle, déployer la stratégie haute définition, notamment pour Arte ?

Je ne pense pas que Mme la ministre souhaite que France 2 devienne une copie conforme de TF1, ou que France 3 soit une chaîne aux contours flous, tandis que France 5 et Arte demeureraient la seule bonne conscience de ce gouvernement. À côté d'une télévision privée, utile pour passer le temps, il faut un service public de qualité pour comprendre son temps.

Où en sommes-nous en matière de politique audiovisuelle extérieure ? Qualifiée de Meccano abracadabrant par le Président de la République, elle superpose avec France 24, TV5, RFI et CFI, des structures au capital varié, placées sous des tutelles différentes, avec des sources de financement qui ne sont pas de même nature !

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