Monsieur le ministre, Nicolas Sarkozy a annoncé, au mois de juin, son intention de confier la formation des enseignants aux seules universités et non aux IUFM avec une exigence de « masterisation » pour les candidats aux concours d'enseignants et une promesse de revalorisation substantielle des carrières.
J'ai le sentiment, à la lecture des textes de cadrage de la réforme des concours, qu'après avoir changé de nom, les IUFM, devenus des écoles professionnelles à l'intérieur de l'université, sont désormais des coquilles vides, dépourvues de contenu et de moyens, victimes de la rigueur budgétaire.
Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche a de surcroît confié aux universités, pour la rentrée 2009-2010, l'organisation de masters professionnels. Quel est le rôle effectif des écoles professionnelles dans ce dispositif ?
Avec cette réforme fondée sur un budget revu à la baisse dès leur première année d'exercice, les fonctionnaires stagiaires seront mis totalement en situation d'enseignement avec, dites-vous, monsieur le ministre, le soutien de professeurs expérimentés. Or, vous le savez, enseigner est un véritable métier. Un recrutement à bac + 5, fût-il suivi d'un compagnonnage, ne peut remplacer la nécessaire formation à ce métier, en disposant du temps indispensable pour prendre en compte toutes ses spécificités, notamment pédagogiques.
Cette réduction drastique de la dimension professionnelle est totalement en contradiction avec l'opinion de Mme Pécresse qui considère que « la formation des maîtres est un enjeu de l'avenir de l'école tant elle impacte la réussite des élèves » et avec le terme d'efficacité qui a été très souvent avancé ce matin.
À quelle logique, si ce n'est budgétaire, correspond cette refondation des concours et ce changement de statut des jeunes professeurs stagiaires ? Hormis la mort programmée des IUFM, hormis un recrutement préjudiciable à la diversité sociologique des enseignants, en quoi cette réforme des concours fonde-t-elle le renouveau tant annoncé de l'école et prépare-t-elle la réussite des élèves ?