Effectivement, ses habitants sont bien soutenus !
Le transfert en matière de formation est d'autant plus fondamental que l'avenir de la Nouvelle-Calédonie repose sur ses cadres. Madame la secrétaire d'État, je souhaite vous poser quelques questions à ce sujet – étant bien entendu que vous ne pourrez peut-être pas nous donner de réponses chiffrées aujourd'hui. Alors que s'applique le programme « Cadres avenir », combien compte-t-on aujourd'hui d'instituteurs kanaks, d'infirmières kanakes ou de professeurs kanaks ? Encore ai-je choisi des métiers qui nécessitent une formation postérieure au baccalauréat de trois ou quatre ans : ces professionnels sont sans doute plus faciles à former que des médecins ou des ingénieurs. Mais les accords de Matignon datent de 1988 : en vingt ans, combien a-t-on formé de cadres kanaks ? Cette question est majeure ; il est dommage que nous ne disposions pas de ces informations.
Pour toutes ces raisons, je ne peux finalement que vous citer le Président de la République qui s'exprimait ainsi devant le comité des signataires du 8 décembre 2008 : « J'ai parfaitement conscience que vous avez besoin de l'ordre, mais vous avez besoin de justice et, bien souvent, le désordre naît du sentiment qu'on vit une injustice. Ce ne sont pas les choses les plus faciles à résoudre, surtout sur un territoire qui a eu une tradition de violence – ce n'est faire insulte à personne que de le rappeler. Et pourtant avec tout cela, depuis une bonne vingtaine d'années, vous donnez l'exemple de l'apaisement. […] Travaillez ensemble. D'une certaine façon, écoutez-vous, respectez-vous, aimez-vous, parce que les différentes provinces sont situées dans le même endroit du monde. Ce ne sont pas deux mondes différents, c'est le même endroit du monde, c'est le même patrimoine, c'est la même culture et ce serait un très grand appauvrissement pour la Nouvelle-Calédonie de laisser en chemin les femmes et les hommes dont nous avons besoin parce qu'ils étaient sur cette terre il y a bien longtemps. » Vous connaissez mes désaccords avec le Président de la République, ils peuvent être nombreux ; cette fois, je suis en accord total avec lui.
Je conclurai en évoquant l'article 42 du projet de loi organique. Mayotte figure de façon un peu accidentelle et même gênante, ou maladroite, dans ce texte. Le sujet aurait mérité un texte spécifique, quitte à devoir en discuter en même temps. Ces deux questions sont différentes ; je rappelle, en effet, que si, lors de la consultation concernant les Comores, les votes ont été décomptés île par île, ce qui permet de respecter la population de Mayotte,…