Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, en décembre 1972, dans une circulaire portant sur l'enseignement du français, le regretté Joseph Fontanet, ministre de l'éducation nationale, expliquait : « La prolongation de la scolarité obligatoire jusqu'à seize ans a libéré l'école élémentaire de la nécessité de fournir à ses élèves tout le bagage indispensable pour aborder précocement la vie professionnelle. Elle est ainsi mieux en mesure de veiller à l'éducation équilibrée de chacun des enfants qui lui sont confiés et d'assurer le progrès de tous. L'écolier d'aujourd'hui, tout à la fois mieux pourvu et plus démuni que ses prédécesseurs, subit la fascination qu'exercent sur lui les nouveaux moyens de communication. L'école doit mettre à profit l'apport de ces moyens de communication et, simultanément, elle doit aiguiser le discernement des élèves face aux sollicitations et aux agressions auxquelles ces nouveaux moyens les exposent. »
Comment ne pas être frappé par l'actualité de cette réflexion pourtant vieille de quarante ans, et ne pas éprouver l'impression que les missions de l'école et les élèves sont aujourd'hui bien différents ? Tout a changé, mais un ensemble d'invariants demeure. D'où la question qui se pose à chaque rentrée et à laquelle tente de répondre chaque construction budgétaire : comment faire évoluer le système pour l'adapter aux réalités des élèves ?
Dans un budget contraint par la nécessité de ne pas alourdir la charge de la dette et de donner la priorité aux secteurs qui assurent notre avenir, l'enseignement scolaire est bien servi, avec un montant de 1,25 milliard d'euros, en augmentation de 1,6 %.
Les grandes orientations vont dans le bon sens, qui réussissent à concilier les objectifs d'une meilleure réussite scolaire des élèves, de la garantie des conditions de travail des enseignants et de tout le personnel de l'éducation nationale, de l'adaptation de notre système scolaire à un monde qui change, tout en veillant à la meilleure utilisation des deniers publics.
Cette année, les priorités sont mises sur l'adaptation des différents cycles scolaires, le traitement renforcé de la difficulté scolaire, l'organisation du potentiel d'enseignement, l'effort en matière de scolarisation des élèves handicapés en milieu ordinaire, et l'enseignement technique agricole.
Évidemment, ceux qui noircissent le tableau à l'envi n'ont pas manqué de pointer les 13 500 suppressions de postes dans l'enseignement scolaire public et privé, de la maternelle à la terminale. Mais regardons les chiffres, en toute franchise et sans idéologie. On compte 1 800 non-renouvellements de départs en retraite d'enseignants, compte tenu de l'évolution des effectifs des élèves, 3 000 non-renouvellements grâce à une amélioration du système des remplacements, 4 450 emplois de stagiaires supprimés et 3 000 réaffectations de maîtres spécialisés dans le traitement de la difficulté scolaire en primaire. Enfin, n'oublions pas que les crédits prévus pour la revalorisation du métier d'enseignant devraient représenter au moins la moitié des économies réalisées 2008 et en 2009 par le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, conformément à l'engagement du Président de la République.
Mais qui peut affirmer raisonnablement que la réussite de notre système scolaire se résume à la question de ses effectifs ? Depuis 1990, l'éducation nationale a accueilli 500 000 élèves de moins, tout en recrutant 45 000 enseignants de plus.