Bien entendu, le Gouvernement prétend que le soutien va permettre d'aider les élèves en difficulté. On veut faire croire que les prétendues deux heures de soutien hebdomadaires compenseront la disparition de l'école le samedi matin et remplaceront l'aide personnalisée aux enfants en grande difficulté. Sauf qu'en réalité, il n'en est rien. Le démantèlement des réseaux d'aide spécialisée aux élèves en difficulté – RASED – aura des conséquences désastreuses sur la résorption de l'échec scolaire.
Les professionnels des RASED travaillent en équipe et abordent des problèmes sociaux et relationnels que l'on ne peut pas traiter en classe. En substance, on dit aux enseignants : « Faites du soutien, mais sans l'appui des personnels compétents et spécialisés ». En réalité, ils se retrouveront seuls face à l'échec. On le voit bien : réaffecter 3 000 maîtres spécialisés sur les 9 000 dans les classes entières n'est pas conciliable avec l'objectif affiché de division par trois de l'échec scolaire, particulièrement lourd en primaire.
Laisser tomber les enfants jugés irrécupérables est un véritable abandon. La réunion du 16 octobre au ministère a bel et bien scellé la mort, en trois ans, des RASED. Cette décision est dramatique.
Aussi, la communauté éducative dans son ensemble s'inquiète pour l'avenir des jeunes. Quarante-sept organisations et des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, dimanche 19 octobre, pour défendre l'école et exiger du Gouvernement des moyens à la hauteur. Enseignants, parents d'élèves, auxiliaires de vie scolaire, tous les personnels administratifs et techniques étaient présents dans les cortèges.
En Italie, la réforme de l'école entreprise par M. Berlusconi, qui est similaire à la politique appliquée en France, entraîne une mobilisation de masse et une grève nationale. Voilà qui pourrait donner des idées à certains.
En France, la défiance ne date pas d'hier. De lourds changements ont été introduits sans concertation avec la communauté éducative. Je veux parler de la suppression de la carte scolaire, qui, selon le rapport Obin, inspecteur général de l'éducation nationale, est propice à la création de ghettos, du droit d'accueil – qui est non seulement une provocation inédite à l'égard des enseignants, mais une remise en cause du droit de grève, ainsi qu'un transfert de l'État vers les communes de sa responsabilité en matière de service public – et de l'instauration des nouveaux programmes en primaire, sans le volume horaire concomitant. Ces mesures représentent autant d'attaques contre le service public.
Concernant la réforme de la formation des professeurs, je ne rentrerai pas dans le détail des incertitudes qui demeurent. Je me permets simplement de m'interroger sur le manque de cohérence du ministre. Faut-il avoir le niveau universitaire de master, soit bac plus cinq, pour « changer les couches » ?