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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 22 octobre 2008 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2009 à 2012 — Article 3, amendement 24

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Oh non, je ne m'y connais pas autant que nos collègues de droite, toujours pour la transparence mais seulement en russe ! Dès qu'on parle en français, ça ne marche plus, n'est-ce pas monsieur Woerth ?

L'article 3 a pour objet d'approuver le rapport annexé précisant le contexte, les objectifs et les conditions de réalisation de la programmation des finances publiques. Ce rapport n'est évidemment pas en situation d'être approuvé : il nécessite d'être totalement réécrit tant pour les perspectives qu'il trace, les objectifs qu'il énonce, que pour les moyens qui en prévoient la mise en oeuvre.

En ce qui concerne les objectifs à court et moyen terme, les hypothèses avancées manquent totalement de crédibilité, et semblent avoir été rédigées comme hors du temps, hors du réel. C'est Orson Welles, mais tourné vers le passé au lieu de l'être vers le futur !

Pour être un peu plus réaliste avec un minimum de peine, nous vous conseillons un simple copier-coller de certaines déclarations du Président de la République que vous adulez. Prenez, par exemple, celle du 25 septembre à Toulon que j'ai déjà citée hier : « Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise n'est pas finie, que ses conséquences seront durables () Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise actuelle aura des conséquences, dans les mois qui viennent, sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat () Parce que cette crise financière, sans équivalent depuis les années trente, marque la fin d'un monde. » C'est vrai qu'elle marque la fin d'un monde : le vôtre !

Rien de tel dans le rapport que vous nous présentez, pourtant daté du 26 septembre, c'est-à-dire du lendemain du discours présidentiel. D'habitude, vous recueillez les saintes paroles pour les véhiculer immédiatement. Vous nous présentez un rapport aussi souriant que Mme Lagarde et aussi placide que M. Woerth ! On peut y lire au point 23 : « En 2009, la croissance se raffermirait progressivement en France, portant le taux de croissance annuel dans la fourchette de 1 % à 1,5 %. » Au point 24, vous indiquez : « Ce scénario de croissance pour 2008 et 2009 est un scénario prudent au regard des incertitudes qui l'entourent. » Voilà des morceaux d'anthologie qui méritent d'être étudiés dans les cours de finances publiques !

Malheureusement, tout n'est pas aussi irréel dans ce rapport. Les mauvais coups contre les collectivités territoriales, les systèmes de protection sociale, les hôpitaux ou l'éducation nationale, et la baisse des crédits des missions « Ville et logement » et « Travail et emploi » sont bien réels. C'est pourquoi nous vous proposons de refuser d'approuver ce rapport.

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