Je m'en tiendrai quant à moi à la question de la consommation, qui est fondamentale pour un pays comme la France où 70 % de la croissance économique en dépend, ce que, du reste, aucun économiste n'a jamais démenti. C'est pourquoi on ne saurait enclencher une relance correcte si on refuse d'évoquer cette question.
De fait, pour vous opposer à la relance par la consommation, vous vous appuyez sur deux arguments – un premier, affiché – le Président de la République l'a encore rappelé à midi, à l'Élysée, lors de ses voeux aux parlementaires – et un second, particulièrement masqué.
Selon l'argument que vous avancez, la relance par la consommation aurait pour conséquence de faire croître les importations. Vous rendez-vous compte qu'un tel argument cache un véritable aveu de faillite de votre politique, puisqu'il revient, d'une part, à prétendre que la France serait devenue un désert industriel – ce qui est faux – et, d'autre part, à reconnaître que vous auriez laissé se produire de manière irresponsable des délocalisations dont nous payerions aujourd'hui le coût ?
Je tiens du reste à noter qu'il existe comme une petite dissonance sur le sujet entre l'Élysée et le ministre en charge du plan de relance : au moment même où le Président de la République nous livre ses craintes d'une augmentation des importations, M. Devedjian fait remarquer que, même dans une voiture construite en Roumanie, il reste encore pas mal d'éléments français.
À moins de prétendre qu'on ne produit plus rien en France, ce qui est faux, l'augmentation de la consommation permettrait donc de relancer la production et l'emploi. C'est mathématique, mais vous ne voulez pas le faire, et ce n'est pas par crainte d'une augmentation des importations. La vraie raison, vous la cachez aux Français : vous ne voulez sous aucun prétexte entendre parler d'une augmentation des salaires, des retraites, des pensions ou des traitements. Si vous refusez d'augmenter le pouvoir d'achat des petites et moyennes catégories, c'est que vous êtes prisonniers d'un dogme, d'une conception de l'économie et de la concurrence uniquement fondée sur la baisse des coûts salariaux et sociaux, conception dont nous connaissons les résultats : l'augmentation des dividendes et le développement des marchés financiers et de la spéculation ont engendré les dérives financières qui nous ont conduits à la situation présente.
Ce n'est pas, quant à nous, la baisse des coûts sociaux et salariaux que nous vous proposons, mais celle des coûts financiers du capital. C'est une mesure fondamentale. Est-il normal que plus de la moitié des entreprises du CAC 40 annoncent, aujourd'hui, qu'en dépit de la baisse de leurs actions, les revenus de leurs actionnaires seront maintenus en 2009, voire augmenteront ? C'est inacceptable.
Votre refus de favoriser la consommation montre, en fait, que vous n'avez tiré et ne tirerez aucune leçon de la crise. C'est pourquoi votre plan de relance est voué à l'échec. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.)