Monsieur le ministre du budget, vous avez, hier, commencé votre intervention en évoquant trois déficits cumulés de la France : bel aveu, qui nous rappelle le jugement définitif de François Fillon sur l'état de faillite du pays. Faut-il, comme on l'a fait cet après-midi − mais il n'est pas inutile d'insister −, vous rappeler que vous êtes au pouvoir depuis plus de cinq ans ? Faut-il vous rappeler que vous avez été, l'un et l'autre, ministre sous l'ancienne législature ? Faut-il vous rappeler que, depuis juin, vous avez massivement utilisé l'arme budgétaire, pour un coût de 15 milliards d'euros et avec un résultat qui s'apparente déjà à un échec ? Faut-il, à ce stade du débat et pour reprendre votre expression, monsieur le ministre, évoquer vos quatre déficits − déficit en matière de chômage, déficit en matière de pouvoir d'achat, déficit en matière de commerce extérieur et déficit en matière de déficit public ?
Oui, monsieur le ministre, la France est malade. Vous n'êtes sans doute pas les seuls responsables, et convenons que nous devons tous, dans cet hémicycle, assumer une part de ces difficultés. Mais, monsieur le ministre, aujourd'hui, c'est vous qui êtes au pouvoir. Vous êtes face à vos déficits. Votre responsabilité n'est pas de stigmatiser l'action de vos prédécesseurs, mais de conforter les atouts de notre pays et de lutter contre ses insuffisances. Or, avant même d'être voté, ce budget apparaît déjà comme un exercice obligé, avant un collectif d'après-municipales qui vous amènera à reconsidérer votre copie pour tenir compte d'indicateurs plus réalistes en matière de croissance, de coût de l'énergie ou de taux de change.
En évoquant cet après-municipales, je ne néglige pas les défaillances de ce document budgétaire. Je dis simplement qu'il aurait été plus sérieux et plus honnête de fixer, pour ce projet de loi de finances, une date limite de consommation − le 16 mars 2008, qui précédera un plan de rigueur dont le pays a tout à craindre.